Elle a le nom de la déesse de la Terre mais elle préfère regarder les étoiles. À 92 ans, la Brésilienne Cérès Franco, installée en France depuis 1962, a encore bon pied bon œil et peut considérer avec satisfaction le résultat d’une vie de curiosité pour l’art marginal ou outsider. Orchestrée notamment par sa fille, Dominique Polad-Hardouin, appuyée par le mécène Henri Foch qui a offert le bâtiment, appuyée par les collectivités territoriales qui ont créé un groupement d’intérêt public, la donation de quelque 3000 œuvres de sa collection a désormais pour domicile Montolieu dans l’Aude, bien connu comme village du livre. Dans l’ancienne coopérative vinicole, l’exposition de cette année entre en résonance avec l’anniversaire de la conquête de la Lune. On y trouve de ces tondi (toiles rondes) que Cérès Franco commanda à ses artistes lorsqu’elle anima sa galerie de l’Œil de Bœuf, ouverte en 1972 rue Quincampoix à Paris (dont Albert Féraud ou Leo Breuer). Mais aussi des mécaniques compliquées de Francisco Melo ou Denis Bonnes, des fusées de Jaber, ou, pour travailler par analogie, des Pierrots, des lunatiques, des sélénites rêveurs, de Chaïbia, Anselme Boix-Vives ou Corneille. Le cœur du dispositif est confié au toujours vert André Robillard (né en 1932) qui se souvient comme si c’était hier de la comète vue au milieu d’une clairière en 1939, avec son père garde-forestier. Autour d’une grande soucoupe volante, il a installé ses engins spatiaux peinturlurés et rafistolés mais qui nous convainquent dur comme fer de leur destin stratosphérique. Alors que les États-Unis ne cessent de repousser la reprise du programme lunaire, avec lui, au moins, on fait le voyage en express...
« Les croqueurs d’étoiles » jusqu’au 3 novembre
collectionceresfranco.com