L’édifice imaginé par le cabinet David Chipperfield Architects porte le nom de l’entrepreneur du textile et mécène allemand James Simon (1851-1932). L’un des hommes les plus riches d'Allemagne, proche de l’empereur Guillaume II, il fut un des grands bienfaiteurs des musées de Berlin en faisant don, au début du XXe siècle, de sa collection privée comprenant notamment le célèbre buste de Néfertiti. Aujourd'hui au musée égyptien de Berlin qui se trouve au sein du Neues Museum (musée nouveau) sur la Museumsinsel, cette pièce est réclamée avec insistance par l'Égypte.
Un vestibule original
Le bâtiment de David Chipperfield, baptisé James-Simon Gallery, conçu comme un espace d’accueil, a vocation à voir passer les quelque 3 millions de visiteurs annuels qui arriveront par ce biais sur l’île. Sur ses 10 900 m2, il comprendra une billetterie, des vestiaires, un café, un restaurant et une boutique de 300 m2, un auditorium de 300 places et des espaces d’exposition de 650 m2 consacrés à des expositions temporaires, à la disposition de tous les musées de l’île. Après une exposition inaugurale consacrée à la vie de James Simon, la « Gipsformerei » (les ateliers de moulages des musées de la ville de Berlin) y montrera pour la première fois, à l’occasion de ses 200 ans, ses collections (du 30 août 2019 au 1er mars 2020). Les deux premières expostions prévues porteront sur les les tribus germaniques (2020-2021) et sur l'Antiquité égyptienne vue par le prisme de la ville d'Achmîm-Panopolis (2021).
Polémiques...
Pour un coût de 134 millions d’euros, cet édifice résout de nombreux problèmes logistiques et infrastructurels de l'ensemble de musées en plein cœur de la Spree, fleuve qui traverse Berlin. Le projet a longtemps fait l'objet de polémiques. En 2006, un premier dessin proposé par Chipperfield avait été critiqué par l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) qui estimait qu'il mettrait en danger l’intégrité visuelle et esthétique de l’île. En 2007, une initiative citoyenne nommée « Rettet die Museumsinsel ! » (Sauvez l’île aux Musées !) a également contesté le projet, entraînant une révision des plans. Les grands escaliers extérieurs ainsi que les colonnes longeant la façade font écho à l’architecture historique du bâti qui entoure l’édifice. La James-Simon Gallery permet aussi l’accès direct au musée de Pergame ainsi qu’à la promenade archéologique qui relira 4 des 5 musées de l’île (du Alten Museum au Bode Museum).
200 ans d'histoire
Depuis 1830, un certain nombre des musées de la capitale allemande se sont implantés sur une île au milieu de la Spree. Le Altes Museum (l’ancien musée), nommé Königliches Museum (musée royal) jusqu’en 1845, est le premier des cinq à s’y installer. En 1859 le Neues Museum (le nouveau musée) y ouvre ses portes, suivi de l’Alte Nationalgalerie (ancienne galerie nationale) en 1876, du Kaiser Friedrich Museum (Bode-Museum depuis 1956) en 1904 et finalement du Pergamonmuseum (musée de Pergame) en 1930. Les Berlinois tiennent à ce complexe de musées, détruit pendant la guerre et reconstruit à partir de 1948.
Pas que Chipperfield
Le « Masterplan » concernant l'île est un projet pharaonique formulé en 1999, année où l’ensemble des musées a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Les éléments centraux de ce plan, outre le vestibule de Chipperfield, sont la « promenade archéologique » et le réaménagement du musée de Pergame. Sous l’égide du cabinet David Chipperfield Architects, le projet a été segmenté et confié à différentes agences : Heinz Tesar et Hella Rolfes (Bode-Museum), Hilmer, Sattler et Albrecht (Altes Museum), O. M. Ungers (musée de Pergame), Levin Monsigny (les espaces extérieurs), Chipperfield s'occupant du Neues Museum.
477 millions pour le musée de Pergame
Le « Masterplan » prévoit également la restauration de la majorité des musées sur l’île ainsi qu’une réorganisation des espaces. En 2012, le « Archäologisches Zentrum » (centre archéologique) a été inauguré en face de l’île (47 millions d’euros). Ce centre regroupe tous les services internes des musées, notamment l’administration et les ateliers de restauration afin de gagner en surface d’exposition. De 1998 à 2001, les travaux ont porté sur l'Alte Nationalgalerie puis, entre 1998 et 2006, les travaux ont été menés au Bode Museum pour 165 millions d’euros. En 2013, a commencé la construction d’une quatrième aile pour le musée de Pergame (estimée à 477 millions). Fermé au public depuis 2014, la réouverture de ce dernier, fermé au public depuis 2014, est prévue pour 2023.