Début novembre, le Sénat de Berlin a annoncé prévoir une réduction du budget de la culture de 130 millions d'euros, soit une baisse de 13 %. Rapidement, le milieu de l'art berlinois s'est mobilisé pour protester contre ces coupes budgétaires : le 13 novembre, plusieurs centaines de professionnels se sont rassemblées devant la porte de Brandebourg pour dénoncer cette « réduction radicale » des dépenses alors que les prix des loyers se sont envolés et que, selon l'Office fédéral de la statistique, en 2020 plus d'un tiers des plasticiens vivait à Berlin avec moins de 1 000 euros par mois. Dans un communiqué, la Berliner Museumsverband explique rejoindre le collectif #BerlinIstKultur qui affirme que ces « économies détruisent durablement l'infrastructure culturelle et entraîneront des réductions drastiques des programmes, des licenciements et des fermetures. La diversité, l'excellence, la résilience et la cohésion sociale sont en jeu ». L'association des musées berlinois détaille l'impact de telles coupes : « Les coûts fixes des musées se situent en moyenne entre 80 et 90 %, pour l'entretien et la conservation des collections. Pour de nombreuses institutions, les réductions auraient pour conséquence qu'il n'y aurait plus de fonds disponibles pour les expositions et les événements. » La très réputée Schaubühne indique quant à elle risquer la faillite du théâtre si cette baisse budgétaire était maintenue. Ce 29 novembre, #BerlinIstKultur organise une marche funèbre pour « dire adieu à l'art et la culture à Berlin ». Cette même semaine, la Neue Nationalgalerie de Berlin a été le théâtre d'une prise de position forte dans le contexte du soutien de l'Allemagne à Israël. Le 21 novembre, lors du vernissage de sa rétrospective « This Will Not End Well » (Ça va mal finir), la photographe américaine Nan Goldin, issue d'une famille juive ayant échappé aux pogroms en Russie, a déclaré souhaiter « utiliser cette exposition comme une plate-forme pour exprimer (son) indignation morale face au génocide à Gaza et au Liban ». Rappelant les 180 cas de censure contre des voix pro-palestiniennes en Allemagne depuis un an, l'artiste a poursuivi : « As-tu peur d'entendre ça, Allemagne ? C'est une guerre contre les enfants. (...) Toute l'infrastructure de la Palestine a été détruite. (...) C'est aussi un génocide culturel. Pourquoi ne peux-tu pas le voir, Allemagne ? » L'Allemand Klaus Biesenbach, directeur de l'institution, a quant à lui été hué. « Le droit à l'existence d'Israël ne fait aucun doute pour nous », a-t-il affirmé avant d'ajouter : « Dans le même temps, nous compatissons avec la population civile de Gaza et du Liban, dont la souffrance ne doit pas être ignorée. » Écho des nombreuses crispations en Allemagne autour de la guerre perpétrée par Israël, ce vernissage est largement commenté dans la presse outre-Rhin. Le très conservateur quotidien Die Welt appelle à la démission de Klaus Biesenbach, affirmant qu'il n'aurait pas dû programmer cette rétrospective et qu'il imposerait aux visiteurs « depuis 10 mois » des expositions centrées sur les questions LGBTQIA+, auxquels sont réduites les manifestations sur Andy Warhol et Nan Goldin. De son côté, la ministre de la Culture Claudia Roth a critiqué la photographe pour ses « opinions politiques insupportablement unilatérales », se disant « consternée » par les slogans « Free Palestine » scandés par les personnes présentes à l'inauguration, tandis que le président de la Fondation prussienne du patrimoine culturel Hermann Parzinger a déclaré que les paroles de Nan Goldin sont contraires « à notre conception de la liberté d'expression ».