« Le Voyage à Nantes (VAN) est né de la volonté de la métropole nantaise de s’imposer comme une ville d’art et de culture afin de développer la fréquentation touristique en été, période où elle en avait le plus besoin jusqu’à 2012, année de création de la manifestation », explique Aurélie Péneau, directrice du développement touristique. De son côté, Thomas Malgras, directeur d'Un été au Havre, raconte qu’en 2016, Édouard Philippe, alors maire, a souhaité la création d’un grand événement populaire estival pour changer la mauvaise image de la ville et stimuler l’attractivité touristique : « On peut parler de marketing territorial », résume-t-il. Pas d’équivoque possible donc : ces grands événements intégrant le nom de la ville dans leur intitulé ont pour ambition première d’attirer un maximum de visiteurs, non seulement la population locale, mais aussi et surtout les touristes français et étrangers. L’enjeu est de taille : multiplier les retombées, aussi bien en termes d'économie que d’image et de notoriété, pour la ville et ses alentours. « Tout est dans le nom de la manifestation : la star, c’est la ville », commente Aurélie Péneau. « Ce que nous proposons, c’est davantage une destination qu’une offre culturelle », conclut de son côté Thomas Malgras.
Désir de retour
À chacun sa recette ? Pas forcément, car Un été au Havre, inauguré en 2017, a choisi le même chef que Nantes, Jean Blaise. Si les ingrédients peuvent varier, l’esprit est le même : mixer des événements populaires gratuits – en installant, par exemple, des œuvres monumentales issues de commandes dans l’espace public dont certaines restent définitivement – et des expositions payantes (le pass ne coûte que 10 euros à Nantes) dans des lieux patrimoniaux et des institutions. Résultat : « En 2018, le VAN a attiré 680 000 visiteurs extérieurs à la ville en deux mois. Les dépenses directes de ces visiteurs sont estimées à 53,5 millions d’euros pour un festival dont le budget s’élève à 2,7 millions d’euros », explique Aurélie Péneau. La rentabilité est aussi au rendez-vous au Havre, puisque sur les 2,5 millions de visiteurs en quatre mois et demi pour la première édition, 25 % n’étaient jamais venus au Havre et « 93 % ont exprimé leur désir de revenir », explique Thomas Malgras. Au départ imaginé pour fêter les 500 ans de la ville, l’événement est devenu annuel, c’est dire son succès. Sa rentabilité est assurée, même si l’investissement pour la première édition s’élevait à 20 millions d’euros, dont un quart grâce au mécénat et à des partenaires privés locaux. En 2018, le budget est descendu à 3,3 millions et la durée ramenée à deux mois. Les chiffres sont éloquents : en 2017, Thomas Malgras estime les retombées économiques à 80 millions d’euros.
À l’autre bout de la France, Les Rencontres d’Arles, doyen mondial des festivals de photographie qui fête cette année ses 50 ans, pourraient faire figure de petit poucet avec ses 140 000 visiteurs si cela ne correspondait pas à plus de 1,34 million de visites d’expositions – payantes sauf pour les Arlésiens. De plus, Les Rencontres se prolongent dans la région avec le Grand Arles Express (16 manifestations photo d’envergure), mais aucun chiffre global de visiteurs n’est établi « car il est difficile, voire impossible à calculer », explique Sam Stourdzé, son directeur.
Retombées économiques
Si les organisateurs de ces trois rendez-vous estivaux affichent leur satisfaction, chacun a sa manière de faire les comptes et de tirer des conclusions sur les publics attirés. Ainsi à Nantes, on évalue le nombre de nuitées en hébergement marchand. Il a augmenté de 79 % entre 2010 (avant la création du VAN) et 2018. Surtout, Aurélie Péneau note que la clientèle internationale est en très nette progression et qu’il s’agit d’un public familial. Au Havre, on s’intéresse de près au score de la taxe de séjour et on en conclut comme à Nantes que, désormais, au tourisme d’affaires tout au long de l’année s’ajoute le tourisme de loisir, ici aussi familial.
De leur côté, Les Rencontres d’Arles réalisent tous les deux ans une étude très précise. La dernière, datant de 2018, fait état de 223 500 nuitées dans les hébergements arlésiens générées par le festival. L’étude démontre que les retombées économiques directes ou indirectes pour la ville sont de 31 millions d’euros avec des visiteurs qui restent en moyenne 3,5 jours sur place : « C’est énorme pour une ville de 55 000 habitants, tant en matière de développement touristique que d’emploi, puisque cela représente l’équivalent de près de 100 pleins-temps à l’année », souligne Aurélie de Lanlay, administratrice de la manifestation. Dans les petites ou grandes villes, la culture peut être rentable, voire très rentable.
À voir
Un été au Havre, du 29 juin au 22 septembre, uneteauhavre.fr
Rencontres internationales de la photographie d'Arles, du 1er juillet au 22 septembre, rencontres-arles.com
Le Voyage à Nantes, du 6 juillet au 1er septembre, levoyageanantes.fr