Le Quotidien de l'Art

Expositions

À Marseille, Manifesta cherche sa voix 

À Marseille, Manifesta cherche sa voix 
Marseille, vue du quartier centre.
© Vincent Desjardins.

Alors que les noms des artistes et des lieux de Manifesta 13 Marseille (du 7 juin au 1er novembre 2020) ne seront finalement connus qu’en octobre prochain (lire les éditions du QDA du 17 décembre 2018 et du 12 février 2019), la principale information délivrée lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 29 juin fut le titre de la manifestation : « Traits d’union.s ». La directrice de Manifesta, Hedwig Fijen, a évoqué la volonté de « montrer des modèles et des solutions alternatives » et lancé un « appel à l’action » et à des « alliances pour un modèle planétaire ». L’architecte et curatrice Marina Otero Verzier, qui a précisé que l’équipe préférait se considérer « non pas comme curateurs, mais médiateurs », a indiqué que Manifesta ne souhaitait pas « montrer des projets terminés, mais des formes qui émergent, des débuts », les projets architecturaux étant conçus « comme des interventions sociales et non des monuments ». Pas de grandes expositions ou d'installations monumentales donc, mais une dissémination de projets dans la ville, à échelle humaine. Ainsi, sans qu’il soit encore précisé sous quelles formes, « Le Tiers Programme » se propose de raconter les initiatives sociales et militantes de Marseille, recensées dans des « Archives invisibles », alors qu’un vaste programme axé sur la solidarité doit être mené avec les écoles. Par ailleurs, « Les Parallèles du Sud », dont l’appel à candidatures vient d’être lancé, convie institutions, associations, artistes et professionnels à inclure leurs projets dans le sillage de Manifesta, avec des dotations allant de 4 000 à 30 000 euros, entièrement prises en charge par la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

« Depuis un an, nous sommes à l’écoute de la ville, nous apprenons la ville », a rapporté Marina Otero Verzier. Pourtant, un long chemin semble encore à faire. Certains acteurs culturels importants ont été contactés, comme l’association Triangle France qui « accueille et oriente l’équipe dans un esprit d’échange et d’hospitalité », évoque sa directrice Céline Kopp, qui précise que « des rencontres sont organisées avec des acteurs des champs social, culturel et militant », permettant un « décloisonnement ». Cependant, nombreuses sont les structures inquiètes de se sentir encore tenues à l’écart, voire redoutant un assèchement des subventions, en amont des élections municipales de mars 2020. L’art contemporain reste en effet le parent pauvre du budget de la culture à Marseille, même si 4,5 millions d’euros sont prévus pour la rénovation du musée d’art contemporain, pour une réouverture en septembre 2020. Avec une proportion de 60 % de financements publics (ville, ministère de la Culture, région et département des Bouches-du-Rhône) et 40 % de fonds privés, billetterie et fonds internationaux, le budget de Manifesta 13 Marseille, qui a pour ambition d’atteindre 8,7 millions d’euros (contre 6,5 pour Manifesta Palermo), devrait bénéficier de 2,4 millions d’euros de la part de la ville. Laquelle connaît, grâce aux initiatives individuelles mais précaires d'artistes, curateurs.trices et associations, un élan de dynamisme inédit.

Marseille.
Marseille.
© F. Laffont-Feraud.

Article issu de l'édition N°1759