Qui écrit l'histoire ? Qui décide de ce qui intègre le grand récit, et de ce qui disparaît à jamais de la mémoire collective ? La question est en ce moment particulièrement aiguë concernant l'histoire de l'art, en pleine refondation. Mais les plasticiens ne négligent pas non plus l'Histoire avec son grand « H », participant à la construction de récits aussi alternatifs que nécessaires. En première ligne, la question postcoloniale. On a vu l'été dernier comment Okwui Enwezor tentait de la réveiller avec sa triennale, dans une France qui n'aime guère ausculter son passé impérial. Et l'oeuvre d'un Mathieu K. Abonnenc, consacrée quasi exclusivement à ce sujet, trouve un écho qui n'a rien d'anodin : quand il fond dans un creuset des croix en cuivre du…