Cela fait une dizaine d’années que le département du Morbihan s’emploie à constituer un fonds d’œuvres de Pierre Tal Coat (1905-1985), aujourd’hui riche de 1 200 pièces. Il est en partie exposé au domaine de Kerguéhennec, qui consacre depuis hier le premier étage de son château à un parcours chronologique et thématique dédié au peintre breton. L’accrochage est appelé à être « renouvelé au moins deux fois par an », confie Olivier Delavallade, directeur du domaine depuis 2011, et se déroule sur une petite dizaine de salles, des années 20 aux années 80 – Tal Coat ayant peint jusqu’à l’aube de sa mort. Pour le moment, un dixième de la collection est exposé : des peintures de la Guerre d’Espagne (1936), l'emblématique Portrait de Gertrude Stein (1935), des autoportraits variés (dont celui de 1982, au visage dilué, universel) et des toiles abstraites, recouvertes de dizaines, voire de centaines de couches de peinture – parmi lesquelles le Matin de 1978-79, à la surface rouge écorchée d’une blessure sanguine. De l’homme qui, selon Olivier Delavallade, « se sent proche des peintres de la Préhistoire dans sa relation au paysage », le parcours souligne le constant questionnement et le travail par « sédimentation, stratification ».