Le Quotidien de l'Art

Expositions

À São Paulo, une biennale sur la « relation » face aux polarisations  

À São Paulo, une biennale sur la « relation » face aux polarisations  
Jacopo Crivelli Visconti et son équipe de curateurs, l’Italien Francesco Stocchi, le Brésilien Paulo Miyada, l’Espagnole Ruth Estévez et l’Argentine Carla Zaccagnini.
Photo Pedro Ivo Trasferetti/Fundaçao Bienal de Sao.

Le curateur de la 34e Biennale de São Paulo, Jacopo Crivelli Visconti, a annoncé son expansion dans une vingtaine de lieux et institutions de la ville. Elle débutera plus tôt, en mars 2020, avec trois expositions personnelles à l’intérieur du Pavillon et s'ouvrira progressivement à d’autres artistes, devenant ainsi une exposition collective à travers la ville en septembre. « Cela permet de confronter le spectateur au changement de regard produit par la mise en relation entre les œuvres », explique le curateur, qui est parti du mot-clé « relation » pour travailler avec son équipe. Inspirée par le philosophe antillais Édouard Glissant (« Il défendait le potentiel de l’opacité de chacun comme condition nécessaire pour comprendre l’alterité ; un raciste, c’est quelqu’un qui refuse ce qu’il ne comprend pas ») et de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, qui soutient une vision amérindienne « perspectiviste » du monde, l’exposition cherche à répondre à la polarisation du Brésil depuis les dernières élections. « Les deux auteurs évoquent la nécessité d’établir des relations avec des positions "ennemies" », proposant une alternative aux « antagonismes brutaux entre les identités de groupes sociaux ». Revendiquant le droit à la complexité et à l’ambivalence, le curateur rappelle que « les identités se forgent dans la relation » et soutient que l’art ne doit pas être un reflet de ces guerres, mais un outil pour les surmonter. 

Le pavillon de la biennale conçu par Oscar Niemeyer.
Le pavillon de la biennale conçu par Oscar Niemeyer.
Fundaçao Bienal de Sao.

Article issu de l'édition N°1746