Le curateur de la 34e Biennale de São Paulo, Jacopo Crivelli Visconti, a annoncé son expansion dans une vingtaine de lieux et institutions de la ville. Elle débutera plus tôt, en mars 2020, avec trois expositions personnelles à l’intérieur du Pavillon et s'ouvrira progressivement à d’autres artistes, devenant ainsi une exposition collective à travers la ville en septembre. « Cela permet de confronter le spectateur au changement de regard produit par la mise en relation entre les œuvres », explique le curateur, qui est parti du mot-clé « relation » pour travailler avec son équipe. Inspirée par le philosophe antillais Édouard Glissant (« Il défendait le potentiel de l’opacité de chacun comme condition nécessaire pour comprendre l’alterité ; un raciste, c’est quelqu’un qui refuse ce qu’il ne comprend pas ») et de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, qui soutient une vision amérindienne « perspectiviste » du monde, l’exposition cherche à répondre à la polarisation du Brésil depuis les dernières élections. « Les deux auteurs évoquent la nécessité d’établir des relations avec des positions "ennemies" », proposant une alternative aux « antagonismes brutaux entre les identités de groupes sociaux ». Revendiquant le droit à la complexité et à l’ambivalence, le curateur rappelle que « les identités se forgent dans la relation » et soutient que l’art ne doit pas être un reflet de ces guerres, mais un outil pour les surmonter.