En France, l’ouverture en 2006 du musée du quai Branly a certainement marqué un tournant pour la valorisation des arts d’Afrique, qui ont ainsi bénéficié non seulement d’une nouvelle visibilité, mais également d’un véritable regain d’intérêt, notamment auprès du grand public. Un phénomène analogue s’est reproduit plus récemment, suite au discours prononcé par le président de la République Emmanuel Macron à l’Université de Ouagadougou, le 28 novembre 2017, et à la publication, un an plus tard, du « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain » par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy. Tout le monde ne sait pas que, dans la volonté politique d’une plus grande ouverture de la recherche aux mondes extra-européens, l’INHA avait confié quelques mois auparavant la direction d’un de ses nouveaux domaines – « Histoire de l’art du XIVe au XIXe siècle » – à Claire Bosc-Tiessé, chercheuse au CNRS, africaniste et spécialiste d’art éthiopien. Le programme de recherche qu’elle dirige – « Vestiges, indices, paradigmes : lieux et temps des objets d’Afrique (XIVe-XIXe siècles) » – repose sur une évidence quotidiennement expérimentée par les spécialistes d’arts extra-européens : les méthodes de l’histoire de l’art, telles qu’elles se sont formées au fil de son histoire en Occident, ne peuvent pas s’appliquer à l’identique au contexte africain, qui est caractérisé par des problématiques très différentes et répond souvent à d’autres logiques.
Repenser la pratique
L’histoire de l’art africain comme discipline à part entière naît en Occident…