Les galeries commerciales sont également en pleine ébullition : elles soutiennent la participation de leurs artistes, en informent leurs clients et les médias, aident à organiser des expositions particulières et des évènements commerciaux pendant la Biennale. La galerie internationale Tornabuoni collabore à une présentation d’Alberto Burri à la Fondation Cini, afin d’honorer l’oeuvre de cet artiste.
La plupart des 50 oeuvres exposées ne sont pas à vendre, car 30 d’entre elles viennent directement de la Fondation Burri et les autres de musées ou de collections privées. Gagosian soutient la présentation « hors vente » de George Baselitz, à l’Academia. C’est la première fois qu’un artiste vivant est exposé dans la galerie d’août. La galerie Carpenters Workshop expose de son côté « Dysfunctional » à la Ca’ d’Oro, ainsi que les oeuvres d’art contemporaines de 17 des artistes de son fichier. Chaque pièce est unique et sur la liste figurent l’Atelier Van Lieshout, Studio Drift, Maarten Baas et Vincent Dubourg.
L’exposition dure le temps de la Biennale et les oeuvres seront mises en vente à la fin. Venice Design est également présent avec une exposition d’environ 60 créateurs. Les différentes oeuvres, éditées à 8 exemplaires chacune, seront en vente après la clôture de la Biennale, déclare l’organisateur.
La plupart des expositions sont signalées « hors vente ». Néanmoins, elles servent de tremplin au travail de l’artiste et la galerie serait sans doute heureuse d’en présenter d’autres, ou de négocier des transactions.
Ces pratiques sautent parfois aux yeux, comme en 2017, quand les oeuvres extravagantes de Damien Hirst, « Work of the Unbelievable », ont transformé la Dogana et Palazzo Grassi en plateformes de vente, en présence de Gagosian, marchand de l’artiste, et de White Cube.
La plupart des travaux présentés dans les pavillons nationaux ou à l’Arsenale sont également à vendre. Au cours des éditions précédentes, le Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (MOCAA) a par exemple acquis la totalité du pavillon de l’Angola, imaginé par le photographe Edson Chagas en 2013, et l’immense dragon en caoutchouc de Nicholas Hlobo en 2011.
Il n’y a rien de mal à cela. On ne réalise pas toujours que la Biennale de Venise a été créée en 1895, dans le but avoué d’établir un nouveau marché pour l’art contemporain. Entre 1942 et 1968, la vente des oeuvres présentées était non seulement sanctionnée officiellement, mais aussi gérée par un organisme autorisé, qui prenait 10% de commission.
Cette pratique a pris fin quand les marchands d’art, se sentant évincés, commencèrent à se plaindre de la concurrence, et que les étudiants marchèrent jusqu’aux Giardini pour protester contre le caractère capitaliste de cette affaire. Notons cependant que la disparition de l’organisme de vente produisit l’effet contraire de celui escompté, jetant la Biennale, notoirement sous-financée, dans les bras des marchands, capables, eux, de soutenir leurs artistes en assurant les frais de transport, d’assurance, de catalogue etc.
Selon l’universitaire Olav Velthuis, spécialiste du marché de l’art : « Même si les affaires sont conduites de manière plus circonspecte que sur un Salon ou dans une galerie commerciale, et si l’argent ne passe pas de main en main à l’Arsenale ou aux Giardini, le marché ne dort jamais… ». Ou bien, comme il le souligne prudemment, « On découvre à Venise et on achète à Bâle » - en parlant d'Art Basel, qui ouvre ses portes une semaine seulement après l’inauguration VIP de la Biennale.