A/ De lumière et de vent
Indispensable exposition, notamment pour reposer l’œil et l’esprit après le brouhaha de la biennale. Composée par Martin Bethenod et la commissaire indépendante Mouna Mekouar, ce parcours est bien plus qu’une simple sélection dans la collection Pinault, qui célèbre en ce printemps ses dix ans sérénissimes. « Notre projet est pensé très précisément pour ce lieu qui fait figure de proue dans la ville, où la lumière se métamorphose en permanence avec le vent, où le brouillard s’infiltre parfois comme un être vivant. Nous voulions révéler l’esprit du lieu et sa capacité de métamorphose, avec une exposition qui change au gré de la journée. » Le rideau de perles de sang de Félix González-Torres, les bulles d’eau de Roni Horn, les paillettes au sol d’Ann Veronica Janssens, les lustres de Murano cryptiques de Cerith Wyn Evans, les gardiens fantômes de Tatiana Trouvé, le souffle amoureux de Charbel-joseph H. Boutros et Stéphanie Saadé... Tout joue sur le diaphane et l’évanescent pour renouer avec les éléments et le temps.
«Luogo e segni»
Punta della Dogana
Jusqu’au 15 décembre
Dorsoduro, 2
palazzograssi.it
B/ Luc Tuymans, où est le vrai ?
Chez Luc Tuymans, ce qui se passe entre les œuvres, en leurs tréfonds, importe tout autant que ce qui affleure à la surface. Réalisés dans l’urgence, en une journée, d’après une image empruntée à l’histoire ou à l’actualité, les 80 tableaux du peintre belge réunis par la collection Pinault gagnent un peu plus en inquiétude sous la lumière de Venise. Le vrai, le faux, tout y est reconstruit, manipulé, travail de doute autant que de deuil, éclairé de quelques indices par les indispensables textes de la brochure donnée aux visiteurs. On pourra préférer les œuvres des années 1990 aux récentes, moins ténues, moins tenues. « Mais que les gens trouvent cela beau, ce serait une perversion totale », rétorque l’artiste.
« Luc Tuymans – La Pelle»
Palazzo Grassi
Jusqu’au 6 janvier
Campo San Samuele, 3231
palazzograssi.it
C/ L'alchimie Kounellis
Le palais de Prada fait toujours partie des must-see de Venise. Cette rétrospective de Kounellis ne déroge pas à la règle. Flamme, charbon, pierre, métal, transparence et gravité : pleins feux sur l’alchimiste de l’Arte Povera, disparu il y a deux ans.
« Jannis Kounellis »
Fondazione Prada
Du 11 mai au 24 novembre
Ca’ Corner della Regina, Santa Croce
fondazioneprada.org
D/ Joan Jonas, grande dame des océans
Quel plus bel écrin la fondation TBA21 aurait-elle pu choisir pour ce projet ? Dévolue à la protection des océans et au dialogue entre artistes et scientifiques, cette mécène militante a investi l’an dernier une église désaffectée afin d’y déployer son programme d’expositions, de colloques et d’actions de sensibilisation envers le jeune public, en étroite collaboration avec l’Istituto di Scienze Marine de Venise et le fonds de l’Unesco dédié aux océans. Pour cette ouverture en majesté, ils ont invité la New-Yorkaise Joan Jonas, pionnière de la performance, qui dévoile ici le fruit de sa résidence en Jamaïque, un des écosystèmes que TBA21 a pris sous son aile. On pouvait s’y attendre de la part de cette grande chamane de la vidéo : le résultat est bouleversant. Bioluminescences et sirènes de pacotille, phoques gracieux et créatures des grands fonds y dialoguent avec l’artiste, et tout un groupe d’enfants invités à intercéder auprès de nous pour les océans. Une superbe façon d’inviter à aiguiser notre conscience écologiste !
« Joan Jonas – Moving Off the Land »
Ocean Space, Chiesa di San Lorenzo
Jusqu’au 29 septembre
Campo San Lorenzo
tba21.org
E/ Frankenthaler, un comeback
Helen Frankenthaler (1928-2011) était l’une des rares femmes du mouvement expressionniste abstrait. On découvre enfin la stupéfiante luminosité de ses color fields, restés un brin dans l’ombre de son époux Robert Motherwell. Ses toiles n’avaient pas été vues à Venise depuis leur apparition au pavillon américain de 1966 !
« Helen Frankenthaler Pittura/Panorama »
Museo di Palazzo Grimani
Du 7 mai au 17 novembre
Castello 4858A
palazzogrimani.org
Venise dans l'œil d'Horvitz
La fondation française Lab’Bel poursuit son projet « 3 Easy Pieces », amorcé en 2015, en invitant David Horvitz, poète et artiste vivant à Los Angeles, à s’infiltrer dans les interstices de la cité lagunaire. Accessible à tous, cette promenade performative mêle des joueurs d’orgue, des artisans, des guides touristiques et des fabricants de glaces.
« 435 Ponti e qualche scorciatoia » À travers la ville
Du 7 mai au 25 novembre
lab-bel.com
G/ Gorky, un météore
Enfant de Cézanne et du surréalisme d’André Breton, le plus singulier des expressionnistes abstraits fait l’objet d’une rétrospective de 80 œuvres, la première de cette ampleur en Italie, qui met l’accent sur ses dessins.
« Arshile Gorky (1904-1948) »
Galleria Internazionale d’Arte Moderna
Du 8 mai au 22 septembre
Ca’ Pesaro, Santa Croce 2076
capesaro.visitmuve.it
H/ Une famille très Fortuny
La famille Fortuny revient hanter le somptueux musée qu’elle a offert à Venise. Le peintre espagnol Mariano Fortuny y Marsal (1838-1874) et son fils couturier Mariano Fortuny y Madrazo, tous deux artistes et collectionneurs, font à nouveau souffler leur esprit wagnérien sur les lieux.
« I Fortuny – Una storia di famiglia »
Du 11 mai au 24 novembre
Palazzo Fortuny, San Marco 3958
fortuny.visitmuve.it
I/ Le laboratoire Pinchuk
Rituelle présentation des 21 postulants au prix 2019 de la Victor Pinchuk Foundation, attribué en mars dernier à la Lituanienne Emilija Škarnulyté : un panorama international, du Nigeria à la Colombie en passant par la Thaïlande. Parmi nos préférés, Laura Huertas Millán, Marguerite Humeau et Cooking Sections.
« Future Generation Art Prize »
Ca’ Tron
Du 9 mai au 1er août
Santa Croce, 1957
futuregenerationartprize.org
J/ Design/peinture, un face à face
L’Atelier Van Lieshout face à Mantegna, Maarten Baas en dialogue avec Van Eyck, Stuart Haygarth confronté au Bernin ? La Carpenter’s Workshop Gallery s’offre une prestigieuse annexe à Venise, en envahissant le sublime palais de la Ca’ d’Oro avec la crème des designers qu’ils représentent. Du gothique 3.0.
« Dysfunctional »
Ca’ d’Oro
Du 8 mai au 24 novembre
Fondamenta Trapolin, 3932
carpentersworkshopgallery.com
K/ Concerto d'Arp
Les 7 œuvres détenues par le musée ont été multipliées par 10 : elles sont ainsi 70 à donner un aperçu de l'art en volume (et pas que) de ce créateur à la longue trajectoire. Passé par Dada, Jean Arp (1886-1966) aboutit à une sculpure de formes courbes et organiques, qui entrent en résonance avec les actuelles préoccupations environnementales.
The Nature of Arp
Peggy Guggenheim Collection
Du 13 avril au 2 septembre
Palazzo Venier dei Leoni, Dorsoduro 701
guggenheim-venice.it
L/ Vedova, Baselitz, une amitié
Deux créateurs iconoclastes, liés par plus de trente ans d'amitié, depuis la première rencontre à Berlin dans les années soixante jusqu'à la mort de Vedova en 2007. Baselitz lui avait rendu hommage à cette occasion lors de la Biennale et il réitère avec un accrochage très personnel. On peut aussi voir Baselitz avec ses propres œuvres, cette fois-ci, à l'Accademia.
Emilio Vedova by Georg Baselitz
Fondazione Vedova
Du 18 avril au 3 novembre
Magazzino del Sale, Zattere, Dorsoduro 266
fondazionevedova.org
M/ Burri à travers les âges
Inclassable et solitaire, adepte d'un art très physique, celui que ses voisins prenaient pour un original lorsqu'il recherchait les sacs de jute du plan Marshall est devenu un incontournable de l'art d'après-guerre. Alberto Burri (1915-1995) est présent avec une cinquantaine d'œuvres, balayant toutes ses périodes, des Sacs aux Cellotex en passant par les Combustions et les Plastiques. Un juste retour pour celui qui participa à la Biennale dès 1952.
Alberto Burri, la pittura irriducibile presenza
Du 10 mai au 28 juillet
Fondazione Cini
Isola di San Giorgio Maggiore
cini.it
M/ Maurice Marinot, The Glass
Après avoir débuté dans la peinture, Maurice Marino s’éprend de la verrerie dans les années 1920. 220 objets et esquisses de l’artiste dévoilent l’usage singulier qu’il fit du matériau, dont il prenait goût à tester les limites, en créant délibérément du verre imparfaitement raffiné, aux bulles apparentes ou à la surface très épaisse. Des effets de style que son œil visionnaire avait repéré bien avant qu'ils deviennent des grandes tendances du design actuel...
Du 25 mars au 28 juillet
Fondazione Cini
Isola di San Giorgio Maggiore
cini.it
N/ Pascali, un James Dean de l'art
L'un des champions de l'Arte Povera, trop tôt disparu (d'un accident de la route en 1968, à l'âge de 33 ans), est ici évoqué par des sculptures et des vidéos mais aussi par un aspect beaucoup moins connu de son œuvre, la photographie, dont on a retrouvé récemment un ensemble important.
Pino Pascali, Dall'immagine alla forma
Palazzo Cavanis, Fondamenta Zattere ai Gesuati, Dorsoduro, 920
Du 9 mai au 24 novembre
Palazzo Cavanis
museopinopascali.it
O/ Dernières nouvelles du design
Un panorama des dernières tendances du design européen et mondial, qui n'oublie pas de se connecter à la réalité locale : un parcours permet d'identifier 42 designers installés à Venise.
Venice Design
Palazzo Michiel
Strada Nuova - 4391 Campo Santi Apostoli
venice-design.com
P/ L'Écosse de Prodger
Explorer la queer wilderness dans le texte : voilà l’excitante ambition de la toute dernière Turner Prize. Charlotte Prodger dévoile à Venise un film où elle mêle road-movie rural et gender studies, de sa manière si singulière. « Moi qui m’identifie comme queer, je suis fascinée par les limites fluides de l’identité, qu’il s’agisse de genre ou de géographie », résume-t-elle, en exploratrice de l’intime qui aime à prendre le détour du paysage.
Scotland + Venice presents Charlotte Prodger
Du 11 mai au 24 novembre
Arsenale
scotlandandvenice.com/
Q/ Parreno polyphonique
Déjà présent avec son film Marilyn à Punta della Dogana, l'artiste revient ici avec un projet polyphonique comprenant sculptures, musique et vidéos.
Du 11 mai au 24 novembre
Espace Louis Vuitton Venezia
San Marco, 1353 (Calle del Ridotto)
fondationlouisvuitton.fr
Et aussi…
Zad Moultaka dialogue avec James Lee Byars à l’église Santa Maria della Visitazione (jusqu’au 24 novembre) / Gunther Förg est au Palazzo Contarini Polignac (jusqu’au 23 août) / Adrian Ghenie est au Palazzo Cini (jusqu'au 18 novembre) / Sean Scully montre ses créations récentes à l’abbaye de San Giorgio Maggiore (jusqu’au 13 octobre) / La photographe palermitaine Letizia Battaglia est célébrée à la Casa dei Tre Oci sur la Giudecca (jusqu’au 18 août) / « Looking for Utopia » s’intéresse aux projets jamais réalisés des artistes à l’hôtel boutique Novecento (jusqu’au 8 juillet) / A la Fondation Berengo à Murano, Glasstree montre l’usage du verre par les artistes contemporains (jusqu’au 24 novembre) / Les amateurs d’art ancien ne manqueront pas les derniers jours des expositions consacrées à Canaletto au palais des Doges (jusqu’au 9 juin) et à Léonard de Vinci à l’Accademia (jusqu’au 14 juillet) / Et tant d’autres rendez-vous que nous n’avons pas la place de mentionner…