Le festival de performances Do Disturb, au Palais de Tokyo, a su depuis 2015 traverser la notion de blackness, encore peu abordée en France, sans la transformer en thématique – elle est définie par l’historienne de l’art Anne Lafont comme l’apport à la culture de l’africanité diasporique sans l'essentialiser. Explorant cette réflexion, les artistes Paul Maheke et Jamila Johnson-Small ont été accueillis en résidence annuelle à La Manutention, grâce à la commissaire Vittoria Matarrese qui a su ainsi prolonger le festival. Pour cette édition, du 12 au 14 avril, Miles Greenberg travaille sur les identités afro-diasporiques et les rituels spirituels et amoureux. Le festival s’ouvre aussi aux identités autochtones avec Melanie Bonajo, éco-féministe à l’ère digitale, au « beurcore » de Sara Sadik, abordant la jeune diaspora maghrébine, ou au dépassement des genres binaires avec Victoria Sin & Shy One, figures de l’underground londonien. Avec un nombre recentré d’artistes, le parcours s’ouvre à une « nouvelle approche de la performance, envisagée comme un paysage scénarisé, où le corps n’occupe plus le centre », selon Vittoria Matarrese. Il est balisé par des installations immersives (Reza Mirabi plonge le visiteur dans un espace où la spiritualité s’incarne dans des codes mainstream, Hoël Duret installe une plage tropicale peuplée de personnages fictifs), tandis que les dioramas d’Ingri Fiksdal explorent des méthodes de « danse émotionnelle ». Donnant carte blanche à des structures de résidence (Triangle France, BAR Project, Gasworks), Do Disturb développe ainsi un réseau international professionnel.