Le 8 janvier 2019, la ministre de la Culture allemande Monika Grütters restituait un Portrait de femme de Thomas Couture aux ayants droit du politicien français Georges Mandel, assassiné par la Milice en 1944 et dont l’appartement fut spolié pendant l’Occupation. L’œuvre avait été retrouvée dans la demeure munichoise de Cornelius Gurlitt, fils d’Hildebrand Gurlitt, marchand d’art ayant œuvré pour le compte du régime nazi. En plus de mettre au jour des œuvres d’art aux origines douteuses, l’affaire Gurlitt a révélé un ensemble d’archives permettant d’éclairer les relations d’Hildebrand avec d’autres acteurs du marché de l’art à Paris et en Allemagne. Le tableau de Couture est mentionné dans une liste d’œuvres ayant appartenues au marchand parisien Raphaël Gérard et il est possible que celui-ci l’ait transféré à Gurlitt seulement en 1953. Quel était donc l’implication des marchands d’art français dans l’histoire des spoliations ?
Jusqu’à présent, de nombreux projets de recherche ont consacré leur attention aux œuvres elles-mêmes, donnant lieu à la mise en ligne de plusieurs bases de données, parmi lesquelles la base Rose Valland (dédiées aux œuvres récupérées en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et rapatriées en France), la base ERR qui recense les activités de l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (« équipe d’intervention du Reichsleiter Rosenberg » ) ou la base Lostart.de. Pour autant, aucune recherche d’ampleur n’a pour le moment été menée sur les acteurs du marché de l’art dans leur ensemble. C’est pourquoi l’INHA et l’Université technique de Berlin ont initié depuis l’été 2017 un programme de recherche (en partenariat avec le Centre allemand d'histoire de l'art - DFK,…