Par sa population, sa classe moyenne toujours plus nombreuse, son revenu disponible, la Chine continentale constitue – potentiellement – un immense marché. Selon le nouveau rapport de la TEFAF sur le marché de l'art chinois, signé par le Pr Kejia Wu et publié le 15 mars, « si l'on considère que le premier musée privé à but non lucratif en Chine a été fondé en 1991 et que la première foire d'art a été créée en 1993, il est clair que le secteur s'est considérablement développé : on compte aujourd’hui plus de 20 foires d'art, 1 500 musées privés et 4 399 galeries ». Le rapport cite notamment le marchand Ben Brown, établi à Londres et à Hong Kong : « Je pense, déclare-t-il, que les collectionneurs chinois seront de plus en plus nombreux. En Chine, certaines personnes ont beaucoup d'argent, elles peuvent investir dans l'art contemporain ; si elles ne l’ont pas encore fait, elles vont commencer. J'ai bon espoir qu’il y aura de plus en plus de riches collectionneurs chinois dans les années à venir ». Magnus Renfrew, fondateur en 2007 de la première grande foire internationale d'art de Hong Kong, Art HK – rachetée depuis par Art Basel et rebaptisée Art Basel Hong Kong – affirme : « Il ne fait aucun doute que la Chine va monter en puissance. En une dizaine d’années seulement, sa courbe d'apprentissage a été remarquable ». Dans le secteur des ventes aux enchères, Kevin Ching, PDG de Sotheby's Asie, note que 2018 a été leur meilleure année sur le continent, avec un chiffre d’affaires total d’un milliard de dollars. Mais, poursuit-il, « à l'horizon 2019, nous prévoyons une persistance des incertitudes du marché dues aux facteurs macroéconomiques ; les clients seront plus sélectifs dans leurs décisions d'achat ». Et le président de Christie's Asie, Francis Belin, d’annoncer : « Il faut se projeter à long terme, mais les perspectives nous permettent d’être très optimistes, notamment compte tenu de la volonté du gouvernement chinois de soutenir les arts. »
Des mauvais payeurs et un nouvel eldorado ?
Le marché chinois alimente encore certains mythes, le plus enraciné étant probablement le fait que les acheteurs seraient de mauvais payeurs. Ce n’est pas totalement faux, pour des raisons en partie culturelles : les enchères sont un phénomène assez nouveau en Chine et les acheteurs ne comprennent pas toujours que lever la main les engage. « Nous devons continuer à les sensibiliser à ce problème », explique Francis Belin. Toutefois, pour Kevin Ching,…