Camille Llobet (Salon de Montrouge 2016)
Le langage et l'ineffable
Les derniers projets performatifs et sonores de Camille Llobet (née en 1982) s’inscrivent dans le droit fil de sa vidéo Voir ce qui est dit, présentée à Montrouge en 2016, où l’artiste se demande si le langage peut décrire adéquatement le monde visible. Car notre expérience sensible ne déborde-t-elle pas les capacités du logos ? En somme, il s’agit de déterminer si une part d’ineffable ne résiste pas à la parole… Dans la vidéo Revers (2018), Camille Llobet tente de verbaliser ce qu’elle perçoit à bord d’une voiture, paupières closes, circulant au milieu d’une route ensoleillée, bordée d’arbres, à la manière du poète beat américain Brion Gysin. Un décalage demeure entre le flux des perceptions kaléidoscopiques qui la traverse et sa parole, trop lente à traduire ce qui est vu. À travers Majelich (2018), Llobet essaie désormais de « dire ce qui est entendu » : une interprète lyrique reproduit les babillages d’une enfant, et explore les prémices de la parole humaine. Cette plasticité du langage oral se retrouve dans…