Celles et ceux qui se risquent à exposer leur nudité dans l’espace public sont punis par une application sévère de la loi pénale. C’est le message d’un récent arrêt de la Cour de cassation (9 janvier 2019). Avant d’aborder les faits, voyons sur quel fondement une telle condamnation est possible. Le délit d’outrage public à la pudeur a été abrogé lors de la réforme du code pénal en 1994. C’est sur cette base qu’étaient condamnées les femmes qui faisaient du topless sur la plage dans les années 1970. L’exposition des seins était considérée de facto comme un outrage, sans que les juges aient à se demander quelle était l’intention. Le fait d’exposer, pour les hommes, leur sexe, était tout autant considéré comme constituant l’élément matériel du délit (on ne rit pas), même si l’intention n’était pas l’excitation d’autrui mais, par exemple, l’expression d’un ressentiment ou le désir d’insulter. Aujourd’hui, le fait de montrer un sein – ou deux – est devenu banal. Il y a belle lurette qu’un film montrant un sein n’est plus automatiquement interdit aux mineurs. La nudité féminine ne fait plus scandale dans la mode, les magazines féminins montrent volontiers des corps sublimés et retouchés pour faire la promotion des produits de beauté. Et dans le monde de l’art, qu’il s’agisse du spectacle vivant ou de l’art contemporain, la nudité est…