On aimerait des tables de tripot où traînent d'énigmatiques jeux de cartes ; des hangars enfumés de danse, des lofts mis à nu par la musique même, des plages de liberté… Au lieu de quoi, un white cube : celui, superbe, du musée d'art moderne de Saint-Etienne. Décidément, Fluxus résiste aux expositions muséales. C'est un exercice de style périlleux, celui qui consiste à figer sous vitrines le plus vivace des mouvements du siècle passé. Célébrer les 50 ans de sa création par George Maciunas, le sortir de ce demi-siècle d'histoire de l'art qui l'a plus ou moins étouffé pour privilégier minimalisme et art conceptuel, voilà un défi peut-être impossible à relever. Fluxus faisait feu des larmes et des joies du quotidien ; il remettait dada sous la lumière nucléaire des années 1960. Il…