Il y a a quelques mois, Djamel Tatah a intégré la galerie Jérôme Poggi, non sans avoir mûrement réfléchi. Si le peintre était représenté par la Londonienne Ben Brown, cela faisait près de dix ans, après son départ de Kamel Mennour, qu’aucune enseigne hexagonale n’avait obtenu ses faveurs. « Je n’étais pas pressé de retrouver une galerie en France, je suis quelqu’un d’assez libre. J’ai continué à y présenter des expositions tandis que j’envoyais les collectionneurs auprès de ma galerie anglaise. Je produis moi-même mes œuvres ; pas parce qu’une exposition est programmée. Je n’ai pas besoin d’une galerie pour manger », explique l’artiste, dont l’exposition à la Collection Lambert à Avignon vient de s’achever. D’autres ont fait bien avant lui le choix de se passer temporairement de galerie, y compris dans leur propre pays : Mel Bochner quitte Sonnabend dans les années 1980, Ben Kinmont reste en solo à partir de la décennie 1990, Emmanuel Saulnier trace longtemps sa route seul.
Aujourd’hui, certaines évolutions du marché poussent les artistes – Vincent Lamouroux comme Emmanuelle Lainé, Caroline Mesquita comme Julien Creuzet – à vivre sans galerie plus ou moins longtemps. D’une part, les relations entre créateurs et galeristes sont plus volatiles, d’autre part, les galeries, fragilisées par la désertion de leurs espaces physiques, la concurrence des maisons de ventes ou la course aux foires, sont poussées à se transformer, pourquoi pas en se…