C’est un continent bientôt englouti. Un monde dont les fantômes hantent nos images. À chaque nouvelle saison de célébration de la photographie, l’argentique disparaît un peu plus. Le numérique a-t-il conquis tous les regards ? Certains plasticiens font de la résistance. C’est le cas de Tacita Dean qui, depuis quelques années, se bat à corps perdu pour que survive ce qu’elle considère comme une métaphysique de la matière — et de la lumière — bien plus qu’une simple technique. « J’essaie de faire comprendre que l’argentique n’est pas une technologie : une technologie peut devenir obsolète. C’est un médium et tous ceux qui s’en servent savent l’impact que cela a sur un film, assure l’artiste britannique. Bien sûr, c’est plus facile d’utiliser le numérique. Travailler en argentique, c’est prendre des décisions. Aujourd’hui, les chefs op n’arrêtent plus jamais la caméra ; ils fabriquent. Cela tue l’invention ». Aux antipodes de cette indolence de la caméra, l’artiste produit depuis une vingtaine d’années des films…
Le combat de Tacita Dean pour la photographie argentique
Honorée d’une triple exposition à Londres au printemps dernier, l’artiste Tacita Dean, 53 ans, mène depuis plusieurs décennies un combat contre la disparition du « médium » argentique. Rencontre.