Le Quotidien de l'Art

Expositions

Dans le miroir de l’âme de Kendell Geers

Pour sa première participation à AKAA, le Belge Didier Claes propose une confrontation entre des sculptures anciennes africaines et les œuvres contemporaines du Sud-Africain Kendell Geers. « J’ai découvert son travail en 2015 et son engagement profond en Afrique du Sud, notamment sur la question de l’apartheid », rapporte le marchand. Leur rencontre a permis une première collaboration qui a débouché sur l’exposition « AfroPunk » à Bruxelles en 2017, en association avec la galerie Rodolphe Janssen.

« En tant qu’artiste africain ayant grandi en Afrique, je me suis toujours senti proche des arts de mon continent. Je considère que la séparation et la division entre l’art africain classique et contemporain est un préjudice européen », revendique Kendell Geers, très inspiré par les masques et fétiches, car ces objets sont eux-mêmes empreints de spiritualité. « Mes racines sont dans l’art africain. La question de la spiritualité est au cœur de ma création, dans mes peintures et mes bronzes. La grande urgence, aujourd’hui, est de contrer le matérialisme et les fake news par quelque chose de primal, de beau et de pur. » L’œuvre de l’Afrikaner interpelle. Par leur aspect à la fois brut et poétique, ses œuvres sculptées provoquent souvent un sentiment partagé, entre séduction et répulsion. L’artiste croit vraiment en la capacité de l’art de pouvoir toucher les gens et générer de réels changements dans la société.

Sur le stand — dont Kendell Geers a lui-même réalisé la scénographie — un miroir recouvre le sol pour bien rendre compte de la vanité de notre époque dans laquelle le selfie est devenu viral. « Quand vous marchez sur votre propre image, il se passe quelque chose de différent, comme si vous tombiez dans le terrier d’Alice au pays des merveilles et que, tout à coup, vous vous trouviez à côté d’Alice. Le miroir au sol change le regard : on se voit soudainement différemment, explique l’artiste. C’est la clé pour comprendre mon travail. Au lieu de regarder l’art africain avec les yeux de Picasso, je regarde Picasso comme un artiste africain qui serait de l’autre côté du masque ». Une expérience immersive à ne pas manquer !

Article issu de l'édition Hors-série du 09 novembre 2018