La 14e foire d’art contemporain de Bogota s’est achevée dimanche dernier, avec 70 galeries de 20 pays différents, 35 000 visiteurs et 600 étrangers enregistrés, incluant 8 délégations officielles de musées dont le MNAM de Paris, le MALBA de Buenos Aires, le Brooklyn Museum, le PAMM de Miami. Exposants et visiteurs s’internationalisent : c’est le signe que les années noires du pays sont bel et bien une époque révolue. À Corferias, ARTBO dispose d’un espace vaste et aéré, où l’on présente en priorité les œuvres de Latino-Américains. Catherine Petitgas a trouvé la foire « de très haut niveau ». Chez Mor Charpentier, la plus colombienne des galeries françaises, on expose des artistes colombiens qui ne sont pas représentés dans leur pays, tels Carlos Motta ou Oscar Muñoz. Alex Mor utilise « Bogota comme un laboratoire : le public est curieux et achète même s’il ne connaît pas. » Le Costaricain Luis Javier Castro estime que le phénomène affecte toute la ville. « Pendant une semaine, Bogota devient la capitale mondiale de l’art et le halo de la foire continue pendant toute l’année. » Collectionneur depuis 35 ans, son enthousiasme se traduit aussi par l’attribution d’un prix, le Mesoamérica, qui récompense un artiste colombien. Décerné cette année à Pedro Gómez, de la galerie Zilberman (Turquie/Allemagne), il consiste en une bourse de travail permettant de réaliser une œuvre hors format, exposée à ARTBO l’année suivante. Jérôme Poggi, seul galeriste 100 % français, montrait un solo show du Brésilien Sidival Fila, première occurrence sur le continent américain. À Bogota, on vend jusqu’à la dernière minute : en début de foire aux étrangers, puis aux Sud-Américains et, à quelques heures de la fin, aux Colombiens. Les galeristes sont unanimes : « Nous reviendrons ! »