Le Quotidien de l'Art

Marché Expositions

La sorcière, le textile et le post-internet

La sorcière, le textile et le post-internet
Paris International. Alexandra Bircken chez BQ. Photo : Pedro Morais.

La foire qui, en 2015, s’est polarisée sur la toute jeune scène parisienne et internationale, dirigée par Sylvia Ammon et Clément Delépine, revient avec réussite dans un hôtel particulier à côté du parc Monceau. Si certaines de ses galeries intègrent désormais la FIAC, d’autres font l’inverse, à l’image d’Isabella Bortolozzi (Berlin) qui présente, dans une mise en scène remarquable, les figures d’outre-tombe de Veit Laurent Kurz, qui ont séduit de nombreux collectionneurs. Cette attention aux cultures underground est très présente. On la retrouve dans le monde utopique d’Eddie Owens Martin (Atlanta Contemporary) ou dans les étonnants dessins de David West, décrivant des concerts de musique industrielle (chez Goswell Road, incroyable artist-run-space parisien). Malgré un déclin de la peinture d’influence surréaliste et symboliste (représentée par Vittorio Brodman chez Gregor Staiger), les traits reconnaissables de la jeune génération sont là : les rituels évocateurs de la nature et des animaux (Gagliardi et Adam Cruces chez Joseph Tang) ; le rapport au désir et aux corps transgenre (les fabuleuses sculptures cyborg de Alexandra Bircken chez BQ de Berlin, les peintures de Louis Fratino chez Antoine Levi) ; l’intérêt pour la mode et la transformation de la galerie d’art en show-room chic (notamment avec le présentoir hilarant de Life Sport d’Athènes). La céramique est également présente, et l’artiste Neal Jones la recouvre même de mots (chez Southern Reid). Des figures clés associées au post-internet font un retour étonnant, des précurseurs (Shana Moulton chez Crèvecoeur) à Ed Fournielles (chez Carlos Ishikawa). Et voici que résonnent au cœur de la foire des statements empreints de cynisme ou de désespoir, comme chez Project Native Informant, avec le collectif DIS qui écrit au marqueur : « Quand tous les contenus seront illisibles et tous les lecteurs analphabètes, il n’y aura plus qu’à circuler». À méditer. Pedro Morais

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