Quelle est la spécificité du PAD London par rapport à l’édition parisienne ?
Le PAD n’est pas un salon figé qui se répéterait d’année en année sur le même format. Le salon m’occupe en permanence jusque dans mon quotidien, je suis à l’écoute de ce que les marchands me disent et de ce que je découvre lors de mes visites aux Puces, au Carré Rive Gauche ou rue de Seine. Nos deux salons de Paris et de Londres coûtent très cher à nos exposants pour des raisons logistiques évidentes : installer une tente d’un côté sur l’esplanade des Tuileries et de l’autre à Berkeley Square n’implique pas la même organisation qu’intégrer Palexpo à Genève (en février 2018) ou le Grimaldi Forum à Monaco (première édition en avril 2019), tous deux réalisés en collaboration avec artgenève.
Est-ce qu’une spécialité sera à l’honneur à Londres ?
Le design et les arts décoratifs XXe bien sûr. Mais cette année, nous mettons en avant les bijoux sans nous limiter aux créations d’artistes (comme c’était peut-être le cas dans les précédentes éditions), avec des exposants comme Siegelson, le plus grand marchand de bijoux anciens américain qui a fait un choix extraordinaire en termes de goût et de qualité, Hemmerle, qui participe au salon depuis deux ans maintenant, ou Walid Akkad, qui propose un travail très raffiné. Ils seront neuf sur les soixante-huit participants.
Vous mettez en avant deux choses : l’art de vivre et collectionner. Comment les définissez-vous ?
Incontestablement par le goût, l’amour de l’objet et de la collection. « Collectionneur » veut dire au sens strict : « qui remplit des cases ». Mais en ce qui me concerne, je suis plutôt un collectionneur compulsif, c’est-à-dire que lorsque j’aime un artiste, j’achète quinze tableaux ; je peux aussi bien m’intéresser aux carapaces de tortues, aux yari saya (les protections de lances de Samouraïs), qu’au dessin ancien. J’adore accumuler – en cela, je ne suis pas un collectionneur stricto sensu –, et fonctionner au coup de cœur. Il s’agit d’un art de vivre, une façon d’envisager la vie, une exigence, une tenue. Pour moi, le goût est tout, au sens propre comme au sens figuré.
Trois prix sont décernés : meilleur design contemporain, meilleur design du XXe siècle et meilleur stand. Est-ce que cela crée une émulation entre exposants ?
Oui, avec une petite injustice pour les jeunes marchands en ce qui concerne le dernier prix qui intègre à parts égales la qualité des objets et leur mise en valeur. Cependant, nous avons l’exemple de la galerie WA Design qui, pour sa première participation au PAD Paris cette année, a été récompensée du prix spécial du jury pour un magnifique stand de mobilier XXe d’esprit japonisant (avec des designers tel que Nakashima ou Kidokoro). Nous privilégions de plus en plus des membres pour le jury qui ne sont pas des spécialistes du design, mais plutôt de l’architecture d’intérieur et de la décoration. Ils ont plus ce sens de la mise en scène et du décor, ce qui m’intéresse particulièrement. Pour moi, « décoratif » ou décoration n’est pas péjoratif, bien au contraire.
Vous accompagnez des amateurs dans une nouvelle façon de collectionner ?
Je l’espère ! C’est pour cela que nous travaillons étroitement avec les marchands et les décorateurs (qui sont les grands prescripteurs d’aujourd’hui), de même qu’avec les musées comme la Manufacture de Sèvres ou le musée des Arts décoratifs qui tous appartiennent à un même écosystème.
What is the specific difference of the London PAD as compared to the Parisian edition?
The PAD is not a fixed version of an art fair which would repeat itself each year with the same format.
It is a permanent concern of my everyday life. I pay attention to what the dealers tell me, to what I find while browsing at the Marché aux Puces, at the Carré Rive Gauche or Rue de Seine. Our two art shows in Paris and London are quite expensive for exhibitors, due to obvious logistic reasons: setting up a tent on the Esplanade des Tuileries, on one side and in Berkeley Square, on the other side does not imply the same organization as when we integrate into Palexpo in Geneva ( in February 2018), or into the Grimaldi Forum in Monaco (first edition in April 2019). These two art shows are achieved in collaboration with artgenève.
Will a special feature be more prominent in London?
Design and 20th century decorative arts, of course, but this year the highlight will be put on jewelry, going beyond the mere artists’ creations (which is what we did in precedent editions). We have exhibitors such as Siegelson, the largest American antique jewelry dealer with an extraordinary choice of tastes and quality ; Hemmerle who have been exhibiting for the previous two years ; Walid Akkad and his truly sophisticated handcrafted jewels. There will be nine jewelers out of sixty-eight participants.
You are putting two themes forward : art-de-vivre and collecting. How would you define them?
Indisputably by taste, love for the object and for collecting. Stricto sensu, “collector” means: “who fills in the boxes”. But as far as I am concerned, I am a compulsive collector: if I like an artist, I will buy fifteen of his paintings. I could be interested in tortoise shell as well as in Yari Saya (sheaths for Samouraï spears), or in antique drawings. I love accumulating objects ?therefore I am not a collector in the narrow sense of the term? and I fall in love with an object. To me it is an “art-de-vivre”, a way to live my life, an absolute requirement, the way to behave. To me taste is everything, literally and figuratively.
Three prizes are awarded: best contemporary design, best XXth century design and best display. Has this created an competitiveness between exhibitors?
Indeed, with a slight unfairness towards young dealers: the last prize concerns equally the quality of artifacts and their showcasing. However, we have the example of the Gallery WA Design, which has been awarded the special prize of the jury this year, for their magnificent display of Japanese style XXth century furniture (with designers such as Nakashima or Kidokoro). For this reason, we favor jury members who are not design specialists but rather interior architecture or interior design specialists. They have a way with staging and decorating which I particularly care about. To me, “decorative” or interior design are not derogatory words, on the contrary.
Are you leading amateurs towards a new way of collecting?
I hope so! That is the reason we work closely with dealers and interior designers (they largely contribute to setting todays trends), as well as with museums such as the Manufacture de Sèvres or the Museum of Decorative Arts which all belong to the same eco-system.