Le Quotidien de l'Art

Marché Acteurs de l'art

Baptême du feu

Du mobilier ancien à l’art moderne et contemporain, une dizaine de galeries internationales rejoignent pour la première fois la Biennale. Présentation de ces acteurs qui donnent un coup de neuf à la manifestation.

Spécialiste en art moderne à New York, Marianne Rosenberg cherchait « des salons de grande réputation pouvant servir d’écrin à ceux qui ne montrent pas des pièces ultra contemporaines ». Après le Salon du Dessin en mars dernier, elle enchaîne sur la Biennale Paris. « C’est logique qu’on y participe en raison du lien historique avec Paris, mon arrière-grand-père y ayant ouvert sa galerie en 1878, suivi par mon grand-père Paul et mon grand-oncle Léonce », précise-t-elle. Elle dévoilera une sélection d’œuvres exceptionnelles dont une rare peinture de Paul Éluard de 1913.

À la Biennale comme chez soi

« Nous n’avons jamais eu une stratégie de salons. Nous avons toujours préféré recevoir chez nous à la galerie les clients que nous fidélisons. Cette année, nous avons eu envie de sortir de notre zone de confort en participant à la Biennale », explique le galeriste parisien Pierre-Édouard de Souzy. N’ayant pas de spécialité affirmée dans l’art des XIXe et XXe siècles, la galerie de Souzy présentera un stand éclectique avec des tableaux de Bernard Buffet, une toile de Vasarely, plusieurs œuvres de peintres académiques du XIXe siècle, des dessins de Foujita, des moutons de Lalanne… « Depuis 30 ans, on me sollicite. J’avais l’habitude de faire des salons à l’étranger », rapporte le marchand Jacques Bailly qui a aussi décidé de sauter le pas cette année, avec des œuvres majeures signées Jean Dufy (dont il est l’expert mondial), André Masson, Jacques Villon, Olivier Debré ou encore Robert Combas. La galerie romaine Russo vient quant à elle sur invitation de sa consœur milanaise la galerie Bottegantica dont elle partagera le stand avec des œuvres de Modigliani, Severini, Utrillo, De Chirico, Derain et une sculpture de Pomodoro.

Provenances prestigieuses

Profitant d’une ouverture de la Biennale Paris à l’art contemporain, la Parisienne Laurence Esnol présentera un solo show de travaux récents de son artiste star H. Craig Hanna, à l’occasion des dix ans de sa galerie. D’une toute autre époque, les arts classiques français voient leur présence renforcée avec l’arrivée de deux marchands très pointus. Enseigne parisienne de réputation mondiale pour ses pendules et de bronzes décoratifs de qualité muséale, du règne de Louis XIV jusqu’à la Restauration, la Pendulerie offre aussi bien des pendules et cartels, que des candélabres, chenets, objets montés ou lustres en bronze. Pour sa première Biennale Paris, son directeur Christophe Guérin sortira ses plus belles pièces, telle cette paire de candélabres attribuée au célèbre ciseleur François Rémond provenant de la collection Wildenstein, une console monumentale de Jacob-Desmalter ayant appartenu à la duchesse de Berry au Château de Rosny et une pendule allégorique de Lepaute anciennement conservée dans la collection de la princesse Cécile Murat.

Un retour en grâce du mobilier XVIIIe français

Si le mobilier français XVIIIe connaît une période difficile suite au scandale des faux meubles de Versailles impliquant plusieurs professionnels parisiens, certains parient sur son retour en grâce. C’est le cas de Charles Hooreman, antiquaire discret installé à Paris depuis 2009, grand spécialiste des sièges XVIIIe, dont c’est le tout premier salon : « Je suis persuadé que cette affaire va contribuer à assainir ce marché devenu difficile pour les pièces de qualité moyenne, mais qui tire son épingle du jeu dans le haut de gamme ». Il sait de quoi il parle. Car cet ancien élève de Bill Pallot (l’expert mis en cause dans le scandale de Versailles) est le premier à avoir dénoncé l’escroquerie et mis en garde les conservateurs contre l’achat de meubles frauduleux. Pour sa part, il présentera des pièces exceptionnelles, comme une paire de fauteuils Louis XV de père Gourdin – le premier d’une dynastie de menuisiers qui se sont fait un nom dans les sièges, issue d’une série de huit réalisée pour le château d’Asnières vers 1755. « Coco Chanel en avait deux autres chez elle ». On notera encore un fauteuil de la même époque par Louis Cresson « dont on ignore la provenance, mais qui est un petit bijou de sculpture, un chef-d’œuvre du genre ».

Article issu de l'édition Hors-série du 08 septembre 2018