« Quand nous serons dans la rue, au restaurant ou dans n’importe quel endroit où nous risquons d’être entendus, je me mettrai à vous parler d’art pour que nous ne soyons pas suspectés. » Ce subterfuge de Jean Moulin pour communiquer avec son secrétaire pendant la Seconde Guerre mondiale sera également l’acte de naissance de la passion pour l’art de Daniel Cordier. Résistant de la première heure, il commence une collection dès son retour à la vie civile. En 1956, il ouvre sa première galerie à Paris, avant Francfort et New York. Il expose alors Dubuffet, Dado, Matta, Louise Nevelson, Öyvind Fahlström… Vingt ans plus tard, il est l’un des membres fondateurs du Centre Pompidou, auquel il donnera plus d’un millier d’œuvres. À 98 ans, après avoir consacré plusieurs ouvrages à Jean Moulin, il décide aujourd’hui de se séparer du reste de sa collection. Dans cet ensemble de 300 œuvres, on trouve la Texturologie XVII (Fromagée), une série réalisée par Dubuffet à Vence, prolongeant celle des « sols et terrains ». Figurent encore un ensemble d’Henri Michaux, des papiers de Bernard Réquichot, des toiles de Dado ou de Manolo Millares.
Collection Daniel Cordier, vente le 27 septembre, Sotheby’s Paris.