Erich Lessing est mort hier, à Vienne, à l’âge de 95 ans. Si l’on retient avant tout de cette figure du photojournalisme les images en noir et blanc de l’insurrection de Budapest en 1956, c’est parce qu’il en a couvert l’avant et l’après, les manifestations populaires, les combats de rue, les chars soviétiques et la déflagration qui s’en est suivie. Baptisé « le photographe de la Guerre froide », Erich Lessing, né juif en Autriche en 1923 et ayant réussi à échapper au nazisme en rejoignant la Palestine en 1939, a été fasciné par l’Europe communiste. Dès 1947, il revient dans son pays natal alors que sa famille a été décimée. Engagé comme reporter par l'agence de presse américaine Associated Press avant de rejoindre Magnum en 1951, il collabore à Life, Paris-Match ou encore au Picture Post. Passant de la rue aux sommets politiques et aux visites officielles, comme celles d’Eisenhower à Genève (1955) ou du général de Gaulle à Alger (1958), il considérait son travail « comme une source de documentation ». Changement de cap dans les années 60 : il se consacre à l’art et l’histoire, photographiant des milliers d'œuvres dans les musées et autres sites archéologiques.