Lancée en grande pompe au Grand Palais le 5 juin, la saison croisée France-Israël se poursuit jusqu’en novembre dans les deux pays. Quelques artistes de grand talent exposent cet été et à l’automne en France : Ron Amir au musée d’Art moderne de la ville de Paris, Maya Dunietz au Centre Pompidou, Guy Ben Ner à la BF15 à Lyon. À bas bruit, presque en catimini. Tant de discrétion s’explique : aucune institution française n’a envie de se voir associée, de près ou de loin, à un gouvernement israélien ultra-conservateur, sourd aux appels de paix. La violente réplique de Tsahal, en mai dernier, contre les Palestiniens manifestant face à la barrière de sécurité qui sépare les deux territoires, les provocations constantes des colons israéliens et les sorties, aussi pathétiques que risibles, de la ministre israélienne de la Culture Miri Regev obstruent l’effervescence artistique du pays. Nombreux sont pourtant les créateurs israéliens à s’imposer internationalement dans toutes les disciplines : musicale (Yael Naïm, Asaf Avidan), chorégraphique (compagnie Batsheva, Hofesh Shechter), cinématographique (Avi Mograbi, Amos Gitaï) ou encore dans le champ de l’art contemporain (Ariel Schlesinger, Yael Bartana, Sigalit Landau). Envers et contre tous les dogmatismes, à l’abri des orages, une scène passionnante a prospéré à Tel-Aviv, ville synthèse et miroir d’un pays de sable et d’orangers, haut lieu biblique et numérique, tout à la fois sea, sex and sun, cool mais sur le qui-vive. « Tel-Aviv c’est une exoplanète en Israël comme New York l’est aux États-Unis », résume le curateur Ami Barak, qui explique le foisonnement créatif qui y règne partiellement par l’histoire du sionisme. « Il faut regarder les fondements idéologiques du pays : tourner le dos au passé, vouloir une autre vie. C’est le principe même de la modernité », souligne-t-il, en rappelant que l’un des premiers musées israéliens est né en 1938 dans le kibboutz d’Ein Harod.
Prisme politique
La politique infuse fatalement quantité d’artistes israéliens, qu’ils soient dans une veine documentaire, comme Ron Amir qui photographie les camps de réfugiés en Israël, ou plus plasticienne comme Rona Yefman dont une vidéo présente une jeune femme grimée en Fifi Brindacier tentant de…