Le plus célèbre des photographes sud-africains est décédé le 25 juin chez lui, à Johannesburg, à l’âge de 87 ans, un mois après la fin de sa rétrospective au Centre Pompidou, qui a attiré plus de 130 000 visiteurs, a annoncé sa galeriste Liza Essers, de la Goodman Gallery. Né à Randfontein, à l’ouest de Johannesburg en 1930, il avait commencé sa carrière à 18 ans, au moment précis où l’apartheid était mis en place par le gouvernement de Daniel Malan. Même s’il prétendait ne pas faire de politique avec son boîtier, Goldblatt a été l’un des témoins majeurs de la politique de ségrégation. Premier photographe sud-africain ayant bénéficié d’une rétrospective au MoMA (en 1988), ayant participé à deux documenta (2002 et 2007), il était toujours resté dans son pays, y fondant notamment en 1989 The Market Photo Workshop, galerie et surtout école de photographie qui a formé une nouvelle génération de praticiens. Goldblatt disparaît peu après un autre observateur des ravages de l’apartheid, Sam Nzima, qui avait immortalisé les émeutes de Soweto en 1976 (voir QDA du 16 mai). Suscitant la polémique, Goldblatt avait cédé en 2017 ses archives à l’université de Yale après les avoir promises à celle du Cap. Son revirement avait été causé par le mouvement des étudiants qui, après s’en être pris au symbole par excellence de la domination blanche (la statue de Cecil Rhodes, retirée en 2015), avaient brûlé en 2017 plusieurs œuvres d’art.