Joueur d’échecs, artiste et inventeur, Marcel Duchamp s’est aussi essayé au business lorsqu’il a mis en vente ses fameux Rotoreliefs, machines optiques interrogeant le mouvement et la persistance rétinienne. Le premier exemplaire est créé en 1925 pour son film Anémic Cinéma, tourné avec Man Ray dans le cadre de sa réflexion sur le mouvement, initiée en 1912 avec son célèbre Nu descendant un escalier. Il imprime des motifs circulaires sur un carton, les colle sur un vinyle et démarre le tourne-disque. Après un premier essai raté (on raconte que les disques, éjectés en l’air, faillirent éborgner Man Ray), Duchamp décide de commercialiser l’invention en France et aux États-Unis. L’idée est brevetée en 1935 au Tribunal de commerce de la Seine. Quelques mois plus tard, 500 exemplaires de cartons sont tirés et présentés au concours Lépine, mais le projet ne connaît pas de succès commercial. Pourtant, l’idée d’une œuvre reproduite en plusieurs exemplaires fera fureur chez les artistes Pop quelques décennies plus tard… Duchamp était davantage visionnaire qu’homme d’affaires !
« ABC Duchamp »
Jusqu’au 24 septembre.
Musée des Beaux-Arts de Rouen
abcduchamp.fr