Le Quotidien de l'Art

Le festival Do Disturb secoue le Palais de Tokyo

Le festival Do Disturb secoue le Palais de Tokyo
Dorota Gaw?da and Egl? Kulbokait?, YGRG 14X: reading with a singe hand, Baltic Triennale 13-Prelude, Contemporary Art Centre, Vilnius, 2017

Caisse de résonance des débats qui traversent la société, le festival de performance Do Disturb vient perturber, le temps d’un week-end (du 6 au 8 avril), le rythme habituel du Palais de Tokyo. Si certains se plaignent du brouhaha résultant de la présentation simultanée des artistes, d’autres y voient la possibilité d’un rapport plus autonome et distendu, à rebours d’une scène unique et autoritaire. Conçue par la commissaire Vittoria Matarrese, l’invitation à déambuler sera néanmoins animée cette année par un ton plus politique, face à la montée des eaux populistes, mais aussi en résonance avec le changement d’ère introduit par l’actuel cyclone féministe. Qu’il s’agisse de Dorota Gaweda et Egle Kulbokaite (invitées par Vincent Honoré, directeur de la Hayward Gallery à Londres) qui ont formé un groupe de lecture féministe à Berlin suite à leur lecture du texte culte Théorie de la Jeune Fille du collectif français Tiqqun, ou de la Londonienne Jamila Johnson-Small qui fait évoluer les distinctions de genre vers le trouble entre l’humain, l’animal et la machine, de nombreuses artistes, venant d’Afrique du Sud, d’Arabie Saoudite ou d’Afghanistan, troublent l’ordre des rôles sexuels normatifs, sans faire nécessairement appel au discours. Une démarche qui peut passer par un usage politique de la mode, à l’image de Zadie Xa, Canadienne d’origine coréenne, pour une célébration des transitions identitaires, de la collaboration de Cecilia Bengolea avec des artistes du dancehall jamaïcain ou du questionnement sur le plagiat (et l’appropriation culturelle) de Jeremy Nedd, chorégraphe né à Brooklyn et vivant à Bâle. Très attendus dans un autre registre, la performance du musicien Norvégien Nils Bech en dialogue avec les sculptures d’Ida Ekblad (dont on a vu une excellente exposition cette année à la galerie Max Hetzler, Paris), ou les trublions français de l’Institut Esthétique proposant des « cabines de soins » à la suite de leur participation à La Manutention, résidence annuelle de performances au Palais de Tokyo prolongeant l’agitation déclenchée par ce festival. PEDRO MORAIS

DO DISTURB, du 6 au 8 avril au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président Wilson Paris 16e, palaisdetokyo.com

Article issu de l'édition N°1472