Art et Arabie saoudite ? « Longtemps, cette équation semblait impensable aux yeux des gens », se souvient Mohamed Hafez, cofondateur en 2009 de la galerie Athr, à Djeddah. Difficile en effet d’imaginer l’art prospérer dans un pays où la condition de la femme est calamiteuse, la liberté d’expression absente, le djihadisme galopant. Rappelons que Raif Badawi, un jeune blogueur arrêté en 2012, a été condamné à dix ans d’emprisonnement et mille coups de fouet sur la place publique pour avoir réclamé un État plus libéral. Mais le pays n’est pas à un paradoxe près. Ce climat austère et asphyxiant, impropre à toute créativité, a pourtant produit plus d’artistes de qualité que dans les émirats voisins. Plus surprenant, les plus connus, comme Ahmed Mater, qui dirige désormais la Fondation Misk, ou Abdulnasser Gharem, viennent d’une même région, Asir, fief des fondamentalistes. Et pour couronner le tout, ce pays qui ne compte que deux galeries dignes de ce nom, Athr et Hafez, voit le nombre de ses collectionneurs augmenter lentement mais sûrement. Certains comme Basma Al-Sulaiman (dont la collection compte des œuvres de Picasso mais aussi des artistes chinois),…
L’Arabie saoudite mise sur la culture
La Fondation Misk lancée par le prince héritier saoudien présente du 5 au 8 avril une dizaine d’artistes du cru sur la foire Art Paris Art Fair. L’occasion de décrypter les enjeux de la soudaine frénésie culturelle de cette pétromonarchie.