Devant une éponge de mer échouée dans son exposition à Bétonsalon, Julien Creuzet évoque les malentendus qu’elle déclenche. D’apparence végétale, ces éponges sont pourtant le plus ancien animal vivant sur la planète. Tandis que l’imaginaire des tropiques qui leur est associé s’arrête à la réalité des transactions économiques : l’éponge a été achetée dans l’entrepôt Import Nature en banlieue parisienne, tout comme les tapis « maghrébins » ici utilisés ont été fabriqués en Chine. La nature subit des migrations et l’authenticité des « racines » est une fiction. Si Julien Creuzet a des origines martiniquaises, il s’est construit selon un processus commun d’acculturation et réappropriation d’éléments culturels. Dans son travail antérieur, il avait déjà retourné ce prisme d’exotisation vers l’Europe, examinant ses rituels, comme l’opéra ou le RER, pour en faire une écologie d’import-export à double sens. De quelle couleur sont les Blancs ?, s’interroge un ouvrage collectif autour du privilège universaliste blanc, celui qui se veut invisible et produit socialement les autres couleurs de peau.
Afrofuturisme et cyberféminisme
Si certains y voyaient une…