L’affaire était restée secrète : gravement endommagée, une étude pour la célèbre série des Nymphéas de Claude Monet, Reflets de Saule (1916), avait été oubliée dans les réserves du Louvre. Redécouverte en 2016, la toile de 4 mètres sur 2 appartenait à un Japonais, Kojiro Matsukata (1865-1950), qui l’aurait achetée dans l’atelier de Monet, son ami, en 1921. Van Gogh, Courbet, Cézanne : après des études aux États-Unis, ce riche constructeur de bateaux, fils d’un ministre nippon, avait constitué entre 1916 et 1927 une collection de plusieurs milliers d’œuvres d’art occidental acquises en Europe. En 1944, une partie des œuvres entreposées à Paris durant la Seconde Guerre mondiale fut confisquée par la France en tant que bien ennemi. Rendues au Japon en 1959, 370 de ces pièces avaient alors rejoint le tout nouveau Musée national de l’art occidental de Tokyo, concrétisation posthume du rêve de Matsukata, où Reflets de Saule, qui vient d’être restitué avec soixante ans de retard, sera exposé en 2019. Mais d’autres, dont un moulage en bronze de La Porte de l’Enfer de Rodin (musée Rodin) et un autoportrait de Fantin-Latour (collection Bührle à Zurich), n’ont jamais été rendues…