Les histoires d’amour commencent bien, en général. C’est donc par un long, immense, intense baiser que va être inauguré Marseille-Provence 2018 (MP2018), nouvelle saison culturelle de la région. Un gigantesque bisou collectif, orchestré par les pyrotechniciens du Groupe F, pour ouvrir ce programme tout entier dédié à l’amour (oui, on a déjà vu thématique moins consensuelle). Date choisie : le 14 février, jour de la Saint-Valentin, comme il se doit. Histoire de sceller en beauté les noces de la cité phocéenne avec la culture ? La vie n’est pas si rose ! Comme dans toute histoire d’amour, c’est plus compliqué…
Tout avait commencé par un mariage de raison, plus que de passion. En 2013, Marseille était élue « capitale européenne de la culture ». Un « électrochoc », aux dires de tous, qui lui a permis de prendre conscience de l’énorme retard pris dans le domaine. Et de considérer enfin la culture comme une dépense utile, plutôt que futile, si ce n’est une priorité. De fait, Marseille-Provence 2013, ou MP2013, comme s’était intitulé l’événement élargi à la région, a offert à tous les arts quelques solides bases d’ancrage, sur lesquelles la ville pouvait désormais s’appuyer. « Marseille stagnait depuis des années, et soudain un autre regard s’est porté sur elle : elle était entrée dans le XXIe siècle », résume Martine Robin. Portée par ce dynamisme nouveau, la directrice des ateliers d’artistes situés au château de Servière en a profité pour monter, dès 2014, un petit salon du dessin. Il revient chaque fin août, le même week-end que la foire Art-O-Rama, « devenue un vrai rendez-vous national, une date dans le calendrier des amateurs de foires », reconnaît-elle. Le nouveau visage offert par Marseille au monde de l’art doit en effet beaucoup à ce projet, porté par la Friche la Belle de mai.
MP2013 a été un virage
Et pour Art-O-Rama, comme pour beaucoup d’autres acteurs locaux, 2013 a été un virage, agrémenté d’un beau coup d’accélérateur. La Friche s’est vu revalorisée, et son toit-terrasse doté d’une tour-panorama qui agrandit ses espaces d’exposition. La même année, le Mucem naissait des flots avec le succès que l’on connaît, et le Frac Paca s’offrait un nouveau bâtiment, dans un quartier de la Joliette qui, en dix ans, s’est complètement métamorphosé : fini les entrepôts portuaires, bienvenue au secteur tertiaire. « MP2013 a été un moment essentiel de construction et de redécouverte de la ville, confirme Pascal Neveu, qui dirige le Frac. Cela a permis aussi une synergie nouvelle entre les acteurs, renforcée avec MP2018. » Pour certains, le virage a hélas provoqué une sortie de route : plusieurs associations artistiques et galeries ont fermé quelques mois après, bousculées par les nouveaux arbitrages budgétaires des instances publiques. « Dès 2014, on a effectivement subi un important contrecoup, reconnaît Pascal Neveu. MP2013 nous avait amené des budgets, une dynamique territoriale, mais on est aussitôt retombé dans la morosité, exacerbée par la dimension…