Rare sont les octogénaires inquiets de tester les techniques de leur temps. Rares sont les artistes qui se font les chantres de la beauté sans chercher à révolutionner la forme. Il faut avoir l’assurance de David Hockney pour peindre des bouquets sans craindre l’anachronisme ou la sénilité. Et il faut avoir la confiance du conservateur Didier Ottinger pour aller à rebours des dogmes et donner à voir, derrière la belle facture, la complexité d’un peintre habitué au pied de nez.
Le pied de nez, Hockney y est coutumier dès ses débuts. Issu de la classe laborieuse de Bradford, il n’a qu’une idée en tête : sortir de son milieu, et porter son message au plus grand nombre. Aussi se retranche-t-il dès le début dans le réalisme. S’il trempe brièvement dans le bain de l’expressionnisme abstrait américain, il s’en échappe en regardant Jean Dubuffet et Francis Bacon. Ses tableaux de 1960, il les appelle des Love Paintings. À un moment où l’art actuel se voulait hirsute et austère, lui peint des images du bonheur. Un bonheur hédoniste, jalonné de piscines, de corps musclés et…