Comment expliquer le regain d’intérêt des artistes contemporains pour les dioramas, ces mises en scène de situations ou environnements factices, placées sous vitrine avec fond peint et figures en trois dimensions, souvent associées aux musées d’histoire naturelle ? S’agiterait-il d’imaginer une préhistoire de l’actuelle culture des écrans, l’ancêtre de cette obsession collective ? Le « virtuel » ne date pas d’hier et s’appuie toujours sur une réalité matérielle – data centers ou musées – reliant ces boîtes optiques aux fantasmes et projections d’une époque. Ainsi, si depuis longtemps déjà les dioramas ethnographiques des expositions coloniales ont été dénoncés dans leur rôle idéologique voué à construire un exotisme « primitif », leur usage dans la représentation de la nature ne cesse de muter avec les outils de connaissance actuels. Il n’est pas anodin que le catalogue de l’exposition cite les philosophes Donna Haraway…
« Dioramas », le théâtre du regard au Palais de Tokyo
Conçue par Claire Garnier, Laurent Le Bon et Florence Ostende, « Dioramas » au Palais de Tokyo, à Paris, s’inscrit dans la thématique de l’histoire des expositions : ayant recours à l’ethnographie, à la religion et aux arts populaires et forains, les dioramas explorent les enjeux écologiques et coloniaux associés à ces dispositifs de vision. Une mise en scène du regard qui constitue l’archéologie de l’ère des écrans et de la réalité virtuelle.