Les artistes ont pris l’habitude de se voir sermonner sur les échecs des utopies passées, dans ce qui pourrait être une tentative de les démobiliser, de leur passer l’envie d’élaborer à leur tour une critique du statu quo. Dans cette entreprise de perpétuation des rouages établis, il est récurrent de réduire la contre-culture des années 1960 et 1970 à la caricature du hippie technophobe, partisan d’un retour à la terre. Cela permet sans doute de se débarrasser hâtivement de questions autrement plus complexes, dont s’étaient déjà fait écho l’exposition « The Whole Earth » des curateurs Diedrich Diederichsen et Anselm Franke à Berlin en 2013 autour de l’alliance entre la culture hippie californienne et la cybernétique, l’écologie et les réseaux. Dans ce contexte, le propos de l’exposition internationale de Christine Macel à la Biennale de Venise penche plutôt pour le versant néohumaniste et les utopies spirituelles que du côté de la réflexion critique. Car, si l’on constate effectivement le retour d’une forte remise en question des modes de vie et…
Portrait de jeune artiste : Suzanne Husky
Plutôt qu’un retour nostalgique des hippies vu par le prisme d’un optimisme néohumaniste, Suzanne Husky fait partie d’une génération d’artistes qui cherche à réinventer l’habitat, l’économie locale et les modes de vie, nourris par la pensée critique contemporaine. Intéressée par l’agriculture, la place du non-humain et l’histoire de l’iconographie révolutionnaire, elle fabrique une culture visuelle de combat. C’est la révélation du Salon de Montrouge qui se tient en ce moment. Elle expose aussi au Centre d’art et du paysage de Vassivière et au FRAC Aquitaine à Bordeaux.