« On a cherché en vain ses œuvres sculptées », déclare Alice Massé, conservatrice à la Piscine, à Roubaix. Bien qu’aucune sculpture ne soit attestée de sa main, il apparaît impossible que Georges Dorignac puisse s’être contenté du fusain, tant son trait ténébreux sculpte la matière sur la surface pourtant plane du papier. Ses femmes semblent, de prime abord, se résumer à des silhouettes monumentales découpées au pochoir flottant sur une feuille vierge. Il faut s’approcher doucement et laisser le temps à la rétine de s’habituer à cette noirceur absolue pour y déceler de fines nuances, plus claires serait trop dire, mais moins obscures. Même la lumière des volumes est noire. Ce n’est…
À Roubaix, redécouverte de Dorignac, l’artiste à têtes de Janus
Le musée de la Piscine, à Roubaix, poursuit son exploration des petits maîtres du début du XXe siècle, avec un artiste éblouissant. À mi-chemin entre le Van Gogh du Borinage, la majesté d’un Constantin Meunier et le réalisme d’un Courbet, les dessins de Georges Dorignac s’imposent comme des rocs charbonneux et défient notre sens de l’observation. Récit du parcours tumultueux d’un artiste à têtes de Janus.