Roxana Azimi_L’Institut français a été assez inaudible ces dernières années. La perte d’un cinquième de son budget en cinq ans explique-t-elle cette discrétion médiatique ?
Bruno Foucher_Je ne crois pas qu’on puisse lire la visibilité de l’Institut en fonction de son budget. Celui-ci a, il est vrai, fondu en six ans. Nous avons perdu 24 % au total. C’est même 34 % en crédits d’intervention. Nous ne sommes pas le seul opérateur à avoir été ponctionné. Mais nous avons gardé notre périmètre de travail, nous menons toujours à peu près 2 000 projets internationaux. Nous avons eu une année 2015 difficile après le départ de Xavier Darcos. Nous avons eu deux présidents, un qui a démissionné rapidement, l’autre qui malheureusement a disparu. Cela a provoqué pas mal d’émois dans la maison. L’absence d’un président continu prenant les rênes de l’Institut sur une stratégie claire a sans doute manqué à sa visibilité. Pour ce qui est du budget, nous sommes arrivés à une limite. Nous sommes en train de négocier la charte de travail pour les prochaines années. Nous ne pouvons pas avoir des missions multiples avec des moyens qui chaque année sont en diminution. Quand on me baisse de 3 % mes crédits comme l’année dernière, cela me ponctionne 8 % de mes crédits d’intervention compte tenu de la charge des coûts fixes. Cela nous conduit à écrémer progressivement nos dispositifs, à les réduire en taille. Pour la première fois en 2017, nous avons décidé de ne pas participer au Salon du Livre à la Porte de Versailles à Paris. À force de faire tomber les pavillons dans lesquels nous sommes très visibles, fatalement on parle moins de nous. Mais nous sommes en train de finaliser notre charte, qui est très claire. Je viens d’être entendu par l’Assemblée nationale et le Sénat. Sur cette base, nous sommes en train de nous battre en disant : « maintenant, ça suffit ». Nous avons une mission, nous l’acceptons, j’ai des troupes extrêmement dynamiques, actives, qui aiment leur métier, travaillent nuit et jour, mais je ne peux pas aller plus loin. C’est une question maintenant de politique. On ne peut pas avoir des dirigeants qui disent tous les jours…