Le dernier numéro de l’incontournable revue d’art allemande Texte zur Kunst se penche sur l’individu contemporain et son optimisation en « marque », placé qu’il est sous les feux croisés de la décentralisation des médias (les réseaux sociaux), de la prolifération du « prosommateur » (le consommateur devenu producteur) et de l’émergence de « l’économie de l’attention » (où celle-ci est désormais la ressource la plus rare). Il n’est donc pas étonnant (et loin d’être nouveau) que les artistes réagissent avec des stratégies visant à obscurcir l’identité, à la rendre plurielle ou à la déguiser en personnage de fiction. Ce fantasme récurrent du monde de l’art avait d’ailleurs été pris au piège avec Félicien Marbœuf, l’écrivain inventé de toutes pièces par Jean-Yves Jouannais dans son célèbre essai Artistes sans œuvres (1997), pour lequel d’autres artistes ont fabriqué au fil du temps un corpus d’œuvres. Plutôt qu’un canular, il permet de célébrer une figure…
La copie authentique à la Villa Arson à Nice
Placée sous le signe des Arts incohérents, l’exposition « La Doublure » à la Villa Arson, à Nice, est bien plus qu’une dernière attaque contre le culte de la personnalité de l’artiste et le récit restreint de l’histoire de l’art. Mélangeant documents, affiches, œuvres doubles et alter ego d’artistes, elle constitue un manifeste amoureux des perdants de l’histoire et des réalités parallèles – une vision inclusive où l’art ne fait qu’intégrer notre rapport au monde.