Laurence Bertrand-Dorléac occupe la chaire Histoire de l'art et Politique à Sciences Po, à Paris. Elle est co-commissaire de « L'art en guerre » au musée d'art moderne de la Ville de Paris.
R. A. Pourquoi avoir choisi comme titre « L'art en guerre », alors que le titre de votre livre, L'Art de la défaite, correspond davantage à l'état de la scène française pendant la Seconde Guerre mondiale, plus attentiste que combattive ?
L. B.-D. Je ne renie pas le titre de mon livre, qui montrait tous les aspects de la vie artistique, tout particulièrement celui qui était au grand jour. Le parti pris de l'exposition, tout en reconnaissant le contexte historique, est quasiment inverse. Nous voulons montrer tout ce qui, à l'époque, ne se voyait pas, et qui nous paraît le plus important du point de vue de l'histoire de l'art. Le contexte est toujours présent, mais nous n'avons pas écrasé l'exposition sous le poids de la documentation. Des documents triés sur le volet se trouvent dans une rotonde. La partie émergée de l'iceberg se voit aussi dans la séquence sur l'ouverture du musée d'art moderne en 1942, qui est au diapason du goût de l'époque, d'où sont exclus les artistes dits indésirables, en particulier les Juifs. Dans ces deux…