L’histoire de l’art en train de s’écrire nous réserve son lot de rebondissements et d’ironies prévisibles. La jeune génération d’artistes et de curateurs de la fin des années 2000 ne se reconnaissait pas forcément dans les expositions « blockbusters », les installations spectaculaires et les œuvres ultra-produites de la première période du Palais de Tokyo. C’est pourtant à leur tour désormais de rentrer dans l’équipe des curateurs de l’institution ‒ à l’exemple de Yoann Gourmel. Il y a dix ans précisément, ce dernier avait fondé avec Elodie Royer un lieu d’expérimentation au nom explicite, « 220 jours », dans une annexe de la galerie gb agency à Paris. Réactivant le principe d’une bande d’artistes en dialogue permanent ‒ Isabelle Cornaro, Mark Geffriaud, Benoît Maire et Raphaël Zarka, mais aussi Aurélien Froment ou Ryan Gander à l’international et Pierre Leguillon en figure tutélaire ‒, ils allaient profondément contribuer à changer le paysage de référence, la sensibilité et l’esthétique de leur époque. Quels étaient alors leurs points cardinaux ? Leur intérêt par la reproduction d’images…
Le Palais de Tokyo prend acte de l’omniprésence des technologies contemporaines
Prenant appui sur la réflexion de Jane Bennett autour de la « matérialité vitale » ‒ la puissance des interactions entre l’humain et le non humain ‒, le curateur Yoann Gourmel propose une exposition collective au Palais de Tokyo, « Sous le regard de machines pleines d’amour et de grâce » autour d’un paradoxe : si les technologies façonnent nos émotions, nous imprégnons d’empathie et de subjectivité tout autant les objets inertes que le vivant.