Lundi 30 janvier s’est ouvert au tribunal correctionnel de Paris le procès de l’un des vols d’œuvres d’art les plus spectaculaires de ces dernières années. En 2010, cinq toiles de maîtres signées Braque, Léger, Matisse, Modigliani et Picasso ont disparu en une nuit du musée d’art moderne de la Ville de Paris. À 3 h 30 du matin, un cambrioleur s’est emparé de ces chefs-d’œuvre, estimés au minimum à des dizaines de millions d’euros. Le procès s’est ouvert avec l’audition de Vjéran Tomic. À 49 ans, ce cambrioleur chevronné répond avec deux complices, accusés de recel, du vol des cinq tableaux, toujours introuvables. Lors de l’enquête de police, l’intéressé avait admis dès 2011 son forfait. Lundi, il s’est expliqué sur les détails de l’affaire. Après avoir repéré les lieux et trouvé une baie vitrée qui n’entrait pas dans le champ des caméras de sécurité, il l’a préparée pour qu’il n’y ait plus, le jour J, qu’à la retirer à l’aide de ventouses. Jean-Michel Corvez, un antiquaire qui aurait commandité le vol de la Nature morte au chandelier (1922) de Fernand Léger, comparaît à ses côtés pour recel. Constatant le 20 mai 2010 qu’aucune alarme ne se déclenchait, il s’est emparé non seulement de ce tableau, mais aussi de quatre autres œuvres qui feraient partie d’une liste d’artistes que l’antiquaire lui aurait demandé de repérer. Il est ensuite reparti en voiture après être repassé par la baie vitrée. L’audience se poursuivra vendredi. Cette affaire suscite plusieurs interrogations. D’abord, où sont passés ces tableaux ? Selon Le Figaro, l’un des receleurs, Yonathan Birn, expert en montres rares, affirme les avoir jetées à la benne à ordure. Il avait d’abord accepté de les cacher. En contrepartie, l’antiquaire lui aurait vendu pour une somme dérisoire – 70 000 euros – le Modigliani, Femme à l’éventail. « L’idée de détenir un pareil trésor m’a fait perdre la raison, je suis tombé dans un engrenage irrémédiable », avait-il affirmé devant le juge, laissant couler des larmes – de remords ou de crocodile ? Jean-Michel Corvez conteste cet accord et affirme ne pas avoir commandité ce vol. Toutefois, une piste mènerait vers Israël : effrayé par l’enquête policière et les perquisitions, l’expert en montres, désireux de se débarrasser de si encombrants trésors, aurait pu les y écouler. Quant au musée d’art moderne de la Ville de Paris, il a depuis effectué des travaux pour renforcer sa sécurité, pour un montant de 3,3 millions d’euros.