Pour les amateurs de photographie ancienne, Le Gray, c’est le Graal. L’un des pionniers les plus prisés du marché. Aussi, le 5 février 2016, quand l’expert Serge Plantureux est prévenu qu’à Drouot vont passer des tirages insolites, ses sens se mettent en éveil. Il s’agit d’une vente courante de mobilier et objets divers, comme il y en a tant à Drouot. D’ailleurs, elle ne fait pas l’objet d’un catalogue imprimé et les lots sont visibles sur Internet. Identifié comme un lot de gravures, celui qui l’intéresse a été rajouté à la dernière minute et il est estimé une bouchée de pain : 30 à 50 euros. Il aurait pu passer inaperçu, mais plusieurs yeux attentifs ont repéré la qualité de ces tirages de grand format, non signés, représentant des vues de Paris.
Mandaté par deux collectionneurs-marchands pour donner son avis technique, Serge Plantureux arrive dans la salle « juste avant la vente » qui démarre à 13 h 30, nous confirme-t-il. Il donne son sentiment très positif sur les images à ses deux clients qui lui demandent alors d’enchérir. La situation est délicate. Faut-il retirer le lot pour l’examiner plus avant, ou poursuivre la vente ? Le temps presse. L’expert prévient Alexandre Giquello, co-responsable de la maison Binoche & Giquello, organisatrice de cette vente courante, qu’il y a « beaucoup d’émotion » autour du lot. Il explique aussi à l’équipe en salle la nature supposée des photographies, dont le prix risque selon lui de grimper. Accaparé par une importante…