Tout commence en 1985, avec un groupe de New-Yorkaises en colère. L’objet de leur courroux ? La présence insignifiante de leurs consœurs dans l’exposition « An International Survey of Recent Painting and Sculpture » (« Un aperçu international de la peinture et sculpture récentes »), au Metropolitan Museum of Art : à peine 13 artistes femmes sur 169 créateurs, c’est chiche. Il était grand temps de réagir. Depuis trente ans, les Guerrilla Girls, qui, pour préserver leur anonymat, portent en public un masque de gorille et se font appeler par des patronymes d’artistes femmes célèbres, traquent le manque de représentation des artistes femmes, mais aussi plus largement des artistes de couleur dans les institutions publiques et privées. Le Fonds régional d’art contemporain Lorraine, à Metz, leur rend hommage jusqu’au 19 février 2017. Entretien avec une des Guerrilla Girls, « Frida Kahlo ».
Roxana Azimi_Pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer d’abord par le biais d’affiches collées dans les rues de New York plutôt que de faire de l’agit-prop ?
Frida Kahlo_C’était bon marché, facile. Nous voulions créer un dialogue avec le monde de l’art et pas parasiter les expositions d’autres artistes. Nous ne sommes pas contre l’art. Nous sommes contre un système et non contre des individus. Le premier poster, nous l’avons collé au milieu de la nuit à SoHo. Nous nous sommes bien amusées. Nous avons recensé les galeries qui ne montraient que des hommes, des critiques d’art sexistes. Les réactions étaient partagées. Certains estimaient qu’il fallait analyser le milieu de l’art comme n’importe quel milieu professionnel, d’autres que le monde de l’art avait des droits particuliers, que la…