C’est l’événement de cet automne : 127 oeuvres de la collection Sergueï Chtchoukine sont exposées à la Fondation Louis Vuitton, à Paris. Le nom est familier de tout amateur d’art moderne. Ce négociant russe en textile fut un collectionneur pionnier, qui, bien avant tout le monde, acheta Picasso, Matisse et Derain.
Rien a priori ne le destinait à devenir un défenseur des avant-gardes du début du XXe siècle. Chétif, bègue, sa famille ne misait pas un kopeck sur ce rejeton complexé. Et pourtant, lorsqu’il reprend les rênes de l’affaire textile familiale, le grand inquiet la fait prospérer. Ses premiers achats ne présageaient pas plus du rôle capital qu’il prendrait dans l’art moderne : petits paysages nordiques et russes, académisme bon teint. Mais cet original saura forcer sa nature. « Il n’acceptait pas de ne pas comprendre…