« Le but n’est pas de redonner des lettres de noblesse à l’écriture, mais de les lui enlever », affirmaient les auteurs Olivier Cadiot et Pierre Alféri dans leur manifeste d’introduction à la Revue de Littérature Générale (1995), parmi les derniers à vouloir trancher le paysage littéraire. Leur « Mécanique Lyrique » cherchait à sortir des vieilles oppositions entre les poètes lyriques et les tenants de la littéralité (tout comme les guerres entre fond et forme, émotion et concept), pour puiser son énergie dans la langue collective, au pied de la lettre, plutôt que de chercher à « réenchanter le monde ». D’un premier abord, Anne Le Troter semble introduire une distance froide dans ses textes, pouvant d’ailleurs se limiter à décrire la mécanique des sons dans la bouche, mais tout dans son travail est affaire de corps. Une explosion peut être maîtrisée sans rien perdre de sa force de frappe.
Dans la lignée d’une longue histoire de flirts entre l’art et la poésie, elle…