Privé depuis 2009 de sa compagne et partenaire Jeanne-Claude, Christo n’a pas mis de mouchoir sur ses projets. Alors qu’il vient d’inaugurer sur le lac d’Iseo, au Nord de l’Italie, un ponton mouvant tapissé de tissu orange sur lequel les gens peuvent déambuler comme s’ils marchaient sur l’eau, l’artiste d’origine bulgare expose un Mastaba
géant à la Fondation Maeght, à Saint-Paul de Vence. Cette pyramide composée de mille bidons colorés, l’architecte de formation l’avait déjà imaginée en 1967, lors de sa première visite des lieux. Mais comme toujours, les projets mettent du temps à se réaliser. Il a fallu une vingtaine d’années avant que le couple n’obtienne les autorisations pour empaqueter le Pont Neuf, à Paris, ou le Reichstag à Berlin. Rencontre avec un patient perturbateur d’espaces.
Roxana Azimi_Quel était le projet que vous aviez initialement imaginé pour la Fondation Maeght en 1967 ?
Christo_J’avais proposé d’empaqueter les arbres et puis j’ai voulu créer un Mastaba, qui est une vieille forme, plus ancienne encore que les pyramides. Ça ne s’est pas fait. J’ai laissé deux dessins ici, je les ai oubliés. Et puis en 2014, à l’occasion des 50 ans de la Fondation, Olivier Kaeppelin [directeur de l’institution] me les a ressortis et m’a proposé de réaliser ce projet.
Comment définiriez-vous votre processus ?
Notre processus est proche de celui de l’architecture, à la différence près que c’est éphémère. On emprunte l’espace pour quelques jours, et on crée du dérangement. J’ai un plaisir viscéral de l’espace, de l’espace « vrai », du vrai froid, du vrai chaud, de…