Dans sa dernière chronique, publiée dans l’édition datée du 13 mai du Quotidien de l’Art sous le titre « Spectacle vivant », Guillaume Cerutti s’emploie à détailler l’essoufflement progressif de la politique culturelle en faveur du secteur concerné. « S’il est un domaine aujourd’hui où le ministère de la Culture doit de toute urgence envisager une nouvelle donne, écrit-il, c’est bien celui du spectacle vivant ».
En matière de nouvelle donne, il se pourrait cependant qu’il existe une autre urgence, que l’on peut à bon droit considérer comme d’un niveau supérieur. Car celle-ci ne touche pas à un domaine particulier, mais aux principes mêmes qui régissent l’appréhension de la création et de la diffusion artistiques dans les politiques culturelles. Qu’elles soient nationales ou territoriales, celles-ci adoptent généralement une approche segmentée en deux grands domaines : le spectacle vivant bien sûr, mais aussi les arts plastiques – pas plus qu’il n’est mort, le spectacle vivant n’est seul. Or, il se trouve que ce deuxième domaine avec lequel il voisine, dans les imaginaires politiques, les débats, les arbitrages ou les organigrammes, est systématiquement plus réduit. Les données budgétaires du ministère de la Culture sont à cet égard éloquentes : voilà des années que 90 % des crédits dédiés à la création sont attribués au spectacle vivant et que les arts plastiques se partagent les 10 % restants.
Une telle clé de répartition est pour une part techniquement fondée : les spectacles coûtent cher. Elle est aussi historiquement datée et idéologiquement marquée. En place dès la…