Roxana Azimi_Quel a été votre cahier des charges pour cette intervention ?
Daniel Buren_Faire ce que je voulais. Frank Gehry avait voulu pour l’ouverture quelque chose entre les terrasses et le voile. Je lui ai dit que ça ne m’inspirait pas de tendre de vraies voiles au milieu de fausses voiles. En revanche, ce qui m’a tout de suite intéressé, c’était de toucher à la structure, utiliser directement les vitres. J’ai dit à Gehry que ça risquait fortement de changer le projet. Il m’a dit : « formidable, mais il faut attendre un peu… ». Il préférait que les gens aient son architecture dans l’œil, sa signature, avant de voir quelque chose signé par quelqu’un d’autre. C’est normal. Beaucoup d’architectes auraient pu dire : « je n’en veux pas ». Et Suzanne Pagé (directrice artistique de la Fondation), aurait pu dire : « de quoi je me mêle ». Mais elle m’a invitée.
L’architecture de la Fondation Louis Vuitton est souvent critiquée. Qu’en pensez-vous ?
Je serais plutôt indulgent. Ce qui me semble le plus réussi dans cette promenade, ce sont les terrasses. J’aime leur côté imprévisible. Selon les étages, il y a des foules de situations intéressantes. Les voiles de Gehry peuvent faire penser à des chapeaux qui protègent de la pluie ou du soleil, mais les terrasses sont en fait à moitié protégées seulement. Ce n’est pas directement fonctionnel, comme beaucoup de choses dans son architecture. C’est un musée…